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Tome 1 : Prophéties (titre provisoire), suite. 

Lorsque l'équipe de X-Force vit arriver ces gamins et ces deux " gnomes " oubliés de l'ingénierie génétique, tout le monde se demanda qui ils étaient. Des surdoués, des jeunes gens aux cerveaux surdéveloppés? Pas du tout !
Si ces jeunes gens semblaient avoir un sens inné des sciences de la guerre, de la tactique et de la stratégie, ils semblaient surpris de tout ce qu'ils voyaient et même ignares sur beaucoup de points. Et pourtant...
Général A. S. Gill.
(Confessions de guerre.).



Quelques heures plus tard, après beaucoup d'explications et un bon déjeuner, les choses furent plus claires pour Max et Luggia.
Max informa André et Suly que les modules d'apprentissage pour les F45-FlyRobs étaient tous prêts et que les recherches sur l'effet Clockys-Armm serait bientôt achevées. On allait procéder à un test d'un émetteur de champs Clockys-Armm dès le lendemain.
Luggia, pour sa part, fit savoir que des hyper-radios équipaient dès maintenant tous les gros vaisseaux de guerre de la flotte. On les avait associés aux nouveaux codeurs-décodeurs.
- Bon, fit Max, nous allons prendre congé maintenant. J'ai encore des préparatifs à faire pour l'essai de demain.
- Et moi, je dois procéder aussi à quelques tests, renchérit Luggia.
- A bientôt, répondit André. Merci de vos renseignements et, s'il vous plaît, restez discret à propos de nos jeunes amis : vous ne savez rien d'eux…
- D'accord. Nous ne les connaissons pas, promit Max.
La porte se referma sur eux.
- Bon, fit le général, nous aussi nous avons du travail. Je vais vous obtenir des ID. Suly, toi tu va remplir les formalités d'intégration de nos amis au sein d'X-Force. Trouve leur des vêtement civils et des uniformes. Quant à vous, jeunes gens, vous allez devoir encore passer plusieurs heures sous ordinateur d'apprentissage. Mais cette fois-ci, je vous mettrai des programmes militaires, adaptés à vos nouvelles fonctions. Vous connaîtrez donc la théorie et vous pourrez l'appliquer très rapidement : après demain, au matin, vous rejoindrez les locaux de votre unité. D'accord?
- Oui, répondit Astor.
- Encore une belle migraine qui s'annonce, fit Frison.
- J'ai obtenu un modèle militaire supplémentaire, poursuivit André. Solia va pouvoir rattraper son retard…
- Bien, père, fit Suly, j'y vais. Je ne reviendrai qu'après demain, vers six heures.
- Bien, travailles bien.
- J'ai plein de rapports en retard. Mais je ne regrette pas ce temps " perdu ".
Elle sortit.
Les jeunes gens passèrent le plus clair de leur temps sous ordinateur d'apprentissage, n'interrompant leur formation que pour les repas. Ils apprirent la théorie de la navigation aérienne, des armes contemporaines, du pilotage de certains véhicules terrestres ou aériens et de biens d'autres points techniques, ainsi qu'à reconnaître les différentes planètes de la confédération.
Le Général Gill leur avait obtenu des ID. Elles portaient toute le même nom de famille.
- Ainsi, fit Astrée, je suis donc Astrée d'Elonia?
- Vous ne m'aviez donné que vos prénoms. Ici tout le monde possède un nom de famille.
- Sur Elonia, seules les familles Nobles, et les Elfes, en possèdent un. Et les Elfes ne donne pas volontiers. D'ailleurs, je ne connais ni celui d'Eliwin, ni celui de Celendil.
- Je te le donnerai peut-être un jour, fit Eliwin enjouée.
- Ces ID, expliqua André, sont officielles et portent la marque de la flotte. Personne ne vous posera de questions, même si elle ont toute le même nom de famille et qu'il est facile de voir que vous n'êtes pas frères et sœurs.

Le surlendemain, le 8 juillet de l'an 6240, à six heures précises Suly arriva chez son père. Elle portait une valise.
Tout le monde était déjà levé et on finissait de prendre le petit déjeuner.
- Bonjour, fit Suly. Je vous apporte vos uniformes. Dès que vous les aurez revêtus on pourra partir.
Les uniformes gris portaient les insignes de Lieutenant, sauf celui d'Astrée qui portait celui de capitaine. Ils était tous décorés du symbole d'X-Force.
Elle leur remit des badges.
- Comme les ID dans la vie civile, ces badges vous seront nécessaire pour accéder aux installations d'X-Force, que ce soit pour pénétrer dans les bâtiments, ou pour le mess. Je vais vous conduire à notre base. Cette unité est très spéciale et vous ne pourrez pas sortir de la base pendant un certain temps. Toutefois, vous serez logés un peu spartiatement, mais confortablement et vous aurez des chambres individuelles. Elles sont prêtes et votre nouvelle garde robe vous y attend.
Les jeunes gens furent vite changés et prêts à partir. Pour la première fois depuis leur arrivé, ils sortirent de chez le général Gill. Ils suivirent Suly à travers tout un dédale de couloir et prirent un autocom. Ils furent étonnées par le nombre de gens qui habitaient cette ville sans ciel. Les gens, eux aussi, regardaient ces jeunes gens avec étonnement : Suly n'avait pas réussi à les convaincre de se séparer de leurs armes. Ils portaient donc poignards, épées et arcs. Pourtant Suly leur avait bien expliqué que les pistolasers étaient plus efficaces et discrets.
A leur arrivée au hangars A-16, l'activité battait son plein. On entendait le grondement des moteurs.
Suly conduisit les guerriers jusqu'à leurs quartiers, dans un bâtiment accolé aux hangars, sous le regard ahuri de plusieurs soldats.
- Voilà vos chambres, fit-elle. Vos noms sont inscrits sur les portes. Maintenant, allons en salle de Briefing.
Elle les conduisit dans une salle où se trouvait une grande table rectangulaire.
Elle appuya sur le bouton d'un communicateur.
- Sergent, introduisez les officiers que je vous ai demandé de convoquer.
- Bien, mon Général.
- Dans trois minutes, Sergent.
- Bien mon Général. Trois minutes.
Suly coupa le communicateur.
- Ici, vous devrez m'appeler " Mon Général ", recommanda-t-elle aux guerriers. Nous sommes dans une armée et nous devons nous plier à ses règles. En privé, je vous prie de continuer à m'appeler Suly, mais en privé. Pas devant mes hommes. D'accord?
- C'est parfaitement compris, Suly, répondit Astrée.
On frappa à la porte.
- Ah, les voilà. Entrez, fit Suly d'une voix plus forte.
Huit hommes entrèrent dans la pièce.
En venant, ils avaient entendu les soldats parler d'enfants en uniformes d'X-Force portants des épées. Et en effet, ce fut bien sept jeunes gens, armés d'épées et d'arcs, qu'il virent en entrant.
- Messieurs, fit Suly, entez. Permettez moi de vous présenter à nos dernières recrues.
Elle se tourna vers les Sept.
- Voici donc le Colonel Moore, le Colonel Mac'Insh, le Major Liet, le Capitaine Lusse, le Capitaine Issec, le Capitaine Blacke, le Lieutenant Kany et le Lieutenant Roll Ils forment mon état-major.
- Excusez-moi, mon Général, intervint le major Liet, mais veuillez excuser le Commandant Jetson et le Capitaine Isord. Ils sont en plein vol d'essai de leurs FlyRobs.
- Merci, Major, mais nous pourrons commencer sans eux. D'ailleurs, Major, vous allez former le Capitai
n
e Astrée d'Elonia, ainsi que les Lieutenants Eliwin et Solia au pilotage du F45-FlyRob. Le second Super F45-FlyRob doit recevoir l'empreinte psychique du Capitaine Astrée.
- Mais, mon Général, el…
- C'est un ordre, Major!
- Mais ce ne sont que des gosses et…
- Cela suffit, Major! Faut-il que je vous fasse mettre aux arrêts?
- A vos ordres, mon Général, fit Liet en se mettant au garde à vous.
Il fulminait : il était le plus haut gradé, hormis le général, de l'escadre de F45-FlyRobs et il pensait que l'honneur de piloter le second Super FlyRob lui reviendrait. Et voilà qu'une gamine lui volait sa place.
- Colonel Moore, reprit Suly, vous formerez le Lieutenant Astor au pilotage du SpaceKiller et du SpaceFighter, ainsi que le Lieutenant Frison au pilotage des SpaceRider et SkyLooker.
- Bien, mon général.
- Quant à vous, Colonel Mac'Insh, vous entraînerez les Lieutenant Brimbo et Celendil avec vos troupes. Je veux qu'ils sachent piloter un AssaultGun ou un HardRuner II dès que possible. Autre chose : vos hommes pratiquent-ils l'escrime ou le tir à l'arc?
- Le Capitaine Blacke, ici présent est un excellent escrimeur : il a été deux fois champion militaire au fleuret. Le lieutenant Smith, lui, tire assez bien à l'arc.
- Bien, nous le verrons plus tard. Lieutenant Roll, Lieutenant Kany, mettez cette table sur le côté de la pièce. Lieutenants Brimbo et Celendil, aidez les à mettre les chaises sur la table.
Les désignés se mirent au travail.
- Messieurs, le Capitaine Astrée d'Elonia est intégrée à notre état-major. Elle participera à toutes nos réunions et aux prises de décisions. Est-ce clair?
- Oui, mon général, répondit tout l'état-major d'une seule voix.
La moitié de la salle était maintenant dégagée.
- Bien, maintenant nous allons tenter une expérience. Lieutenant Eliwin, veuillez prêter votre épée au capitaine Blacke. Lieutenant Astor, Capitaine Blacke, veuillez effectuer quelques passes d'armes. Mais attention, je ne veux pas de blessés. Je veux seulement comparer vos escrimes.
Eliwin tira son épée du fourreau et la remit au capitaine Blacke. Celle-ci lui sembla lourde, et il remarqua qu'elle était en acier. Le tranchant était un fil de rasoir : une antiquité merveilleusement bien entretenue. Il regarda Eliwin avec étonnement. Elle lui avait passé l'épée sans paraître la trouver plus pesant qu'un… bâtonnet.
Astor semblait hésiter. Il n'avait pas encore dégainé sa propre épée.
- Lieutenant Astor, intervint Suly, que se passe-t-il?
- Mon général, je ne peux pas me battre contre lui. Ce ne serait pas équitable. L'épée d'Eliwin est une épée courte. La mienne est une épée longue à double tranchant. Cette arme m'avantage beaucoup : je pourrai le battre même s'il est plus fort que moi.
- C'est juste, répondit Suly. Avez vous deux épées identiques?
- Je suis le seul à disposer de deux épées identiques, mais l'autre nécessite un peu de… magie.
- Je vois.
Après un temps de réflexion Suly pris sa décision.
- Messieurs, ces jeunes officiers sont des recrues spéciales. Nous aurons sûrement besoin de leur aide. Ce qui va se passer ici ne doit pas sortir de cette pièce. Vous n'avez rien vu. Vous aurez toutes les explications nécessaires bientôt. Puis-je compter sur vous?
- Oui mon général, répondirent-ils.
- Astrée, interrogea mentalement Suly, puis-je compter sur eux?
- Oui, répondit Astrée après un rapide sondage mental. Ils vous sont loyaux.
- Lieutenant Astor, allons-y.
Astor sortit sa longue épée de son fourreau et la tendit au capitaine Blacke pendant qu'Eliwin récupérait la sienne.
- Dieux, pensa le Capitaine Blacke. Elle est au moins trois fois plus lourde que l'autre. Comment peut-on mobiliser une épée pareille?
Il était plongé dans ses pensées quand un bref éclair emplit la pièce. Relevant la tête, il vit que son adversaire était maintenant protégé par une armure dorée. " D'où la sort-il? ", pensa le Capitaine. Le jeune homme nommé Astor dégainait une épée de même forme et taille que celle qu'il lui avait prêté mais elle était gravée de symboles étranges. Après un bref instant de peur, il se ressaisit.
- En garde, Lieutenant.
Les deux hommes levèrent leurs épées et les croisèrent. Astor fit un ou deux pas en arrière et se mit à tourner, étudiant son adversaire. Soudain, il bondit en avant, fléchit son corps et porta un coup de la pointe que Blacke parât de justesse. Il se redressa et porta une attaque sur le flanc gauche, attaque esquivée par Blacke qui essaya de toucher le bras de son adversaire, sans succès. Astor fit alors entrer son épée en contact avec celle de Blacke. D'un habile tour de main il obligea Blacke à lâcher l'épée qui fut propulsée au dessus de leur tête. Astor l'attrapa d'un bond. Astor salua son adversaire qui lui répondit. Le combat n'avait pas duré trente secondes.
- Félicitations, Lieutenant Astor, fit le Capitaine Blacke. Vous êtes vraiment très fort. Votre style n'est pas vraiment orthodoxe, mais vos armes non plus. Ce ne sont pas des armes de sport. Elle sont faites pour tuer. Qui voulez vous tuer avec ces épées?
- Nos ennemis, Capitaine, intervint Suly.
- Avec des épées?, intervint le major Liet. Vous plaisantez mon Général. On ne se bat plus avec ce genre d'arme depuis des millénaires!
- Major, en êtes vous si sûr? Lieutenant Kany, avec quelles armes se battent nos ennemis lorsqu'ils sont au corps à corps?
- Des épées, mon Général
- Et nos soldats?
- Des pistolasers, mon Général.
- Et, messieurs, qui pour l'instant est vainqueur?
Personne ne répondit.
- Ces officiers sont là pour nous aider, messieurs, reprit Suly. Vous devez faire comprendre à vos hommes, que, malgré leur jeune âge, ces officiers doivent être traités avec respect. Ils sont venus de très loin pour nous apporter leur concours.
- Le grand sait se battre à l'épée, soit, intervint le major Liet rouge de rage. Mais à quoi peuvent bien servir les deux nabots?
- Major, répliqua Suly en proie à une froide colère. Je ne vous permettrait pas de…
- Puis-je parler, mon Général, la coupa Astrée.
Sans attendre la réponse elle poursuivit.
- Frison, veux-tu rendre ce que tu leur a prit.
- Mais, Astrée, il nous traite de nab…
- Fais le! De suite!
Frison plongea les mains dans ses poches. Il en sortit le badge du capitaine Blacke, le pistolaser du major Liet, une paire de lunettes appartenant au lieutenant Roll, l'ID du Colonel Mac'Insh et des photographies de jeunes femmes peu habillées prisent au Colonel Moore.
- Comment a-t-il fait?, fit ce dernier. Je n'ai rien sentit.
- Ni moi, fit Blacke.
- Ce n'est pas naturel, fit le major Liet. C'est comme quand l'autre a revêtu son armure. Il est habillé en uniforme puis pouf, un éclair, et le voilà en armure si étincelante qu'on dirai de l'or.
- C'est de l'or, fit Astor.
- Et en plus c'est un menteur. Voyons mon garçon, tout le monde sait que l'or vaut bien trop cher pour en faire une armure. Si cette armure était véritablement en or, tu pourrais acheter au moins la moitié de cette ville. Et c'est la plus grande de la Terre!
Une voix annonça à l'interphone :
- Le capitaine Isord se prépare à atterrir. Il vous fait prévenir qu'il sera en salle de briefing dans cinq minutes.
- Reçu, Sergent. Introduisez le dès son arrivée.
-Astor, fit Astrée. Regarde ton épée…
En effet l'épée d'Astor luisait faiblement. L'intensité lumineuse s'accrut rapidement.
- Qui-est ce Capitaine Isord, demanda Astor?
- Mon meilleur pilote de FlyRob, Lieutenant, répondit le Major Liet.
- A-t-il un trait physique particulier?

- Non.
- Si, fit Suly. C'est un mutant : il possède une paire de petites cornes.
- Ah oui, fit le Major. Mais on ne fait plus vraiment attention aux mutants…
- C'est sûrement un Droloch, fit Brimbo.
- Tu as raison, fit Eliwin. En tout cas, c'est sûrement un démon; l'épée d'Astor ne peut pas mentir……
- Bon, intervint Astrée. Mon général, il faut arrêter cet « homme ».
- Pourquoi, c'est un bon soldat et un bon pilote.
- Nous n'avons pas le temps de vous l'expliquer maintenant. Faîtes-le arrêter.
- Il n'y en aura pas besoin. Il vient ici…
- Mon Général, fit le major Liet. Je me permet de vous signaler que vous n'avez pas à obéir à un officier de grade inférieur..
- Taisez-vous Major! Nous ferons ce qu'a proposé le Capitaine Astrée.
Astor s'appuya contre le mur, près de la porte d'entrée, son épée à la main. Celle-ci brillait encore plus intensément.
La porte coulissa bientôt et s'ouvrit sur un homme souriant d'une trentaine d'années. Il portait un uniforme et un képi.
- Capitaine Isord au rapport, mon Général, dit il en entrant dans la pièce. Que se passe…
Il s'interrompit au bout de trois pas, se demandant ce qui n'allait pas. Qui étaient ces jeunes gens en uniforme de X-Force? Quelque chose en eux le choquait. Il venait de se rendre compte que c'était les épées qu'ils portaient quand il sentit une pointe appuyant dans son dos.

- Salut, Droloch, fit Astor, en pressant un peu plus la pointe de son épée contre le dos du démon.
- De quoi parlez vous, fit Isord? Qui êtes vous?
Il bondit en avant et porta sa main à son côté droit pour attraper son pistolaser. Sa main ne rencontra que le vide. Désappointé il s'arrêta et se redressa. Un Hobbit se tenait devant lui, un pistolaser à la main.
- C'est ça que tu cherche, fit Frison?
- Maudit Hobbit, rends moi ça tout de suite!
Astor, que le Droloch n'avait pas encore pu voir, lui remit son épée dans le dos.
- Tu te trahis, Droloch. Il n'y a pas de Hobbits dans cet univers. Dis nous ce que tu fais ici. Quelle est ta mission? Quels sont tes contact? Où se trouve la Porte?
- Je ne comprend pas ce que vous voulez dire… Pourquoi me menacer? Je ne vous connaît pas...
Astrée s'avança.
- Tu crois ça?, fit-elle en revêtant son armure.
Le Droloch écarquilla ses yeux.
- Oh non!, fit le Droloch, terrorisé. Pas la Guerrière Diamant! C'est un cauchemar. Tu n'es pas là! Tu ne peux pas être là! Même si elle existe, elle est sur Elonia! Tu n'es pas elle!
- Navrée de te décevoir… Mais Aaloon n'est pas aussi faible que te maîtres ne semblent le penser.
- Aaloon n'est rien ici! Seul le Chaos domine! Le Seigneur de l'Entropie n'y peut rien!
- Peut-être… Mais je suis là, non? Veux-tu parler où dois t'y obliger?
- Je ne dirai rien!
- Soit.
Astrée commença à pénétrer l'esprit du Droloch.
- Il n'a pas de bouclier mental! Les forces du Chaos ne se doutaient vraiment pas à ce nous venions ici! Il a été envoyé ici en tant qu'espion. Il devait infiltrer l'armée et prévenir ses supérieurs de tous mouvements militaires dont il pouvait être au courant. Quand il a été intégré dans cette unité, il a vu l'occasion de monter dans la hiérarchie du Chaos : il voulait leur livrer un F45-FlyRob. En fait, il avait rendez-vous demain avec un transport au Spatioport de NeoTokyo. Il ne sait malheureusement pas à qui il transmettait ses informations. On le contactait par radio et il répondait. Quand à la planète qui leur sert de base, il ne sait même pas où elle se trouve. Il y a subit un apprentissage puis a été conduit sur Terre très rapidement, afin d'accomplir sa mission. C'est un sous-fifre. Il ne nous est d'aucune utilité. Débarrassons-nous en.
- Vous voulez… le tuer, demanda le Colonel Moore, c'est bien ça?
- Bien sûr. Que voulez-vous faire d'autre d'un Droloch?
- Le faire prisonnier, s'il est vraiment un espion. On ne tue pas les gens comme cela, de sang froid! C'est un être vivant et il a des droits. Il a le droit d'être jugé. Même si la peine capitale est requise pour la trahison...
- Je vous comprends, Colonel, intervint Brimbo, mais il n'est pas « vivant », du moins au sens où vous l'entendez. Cet «« être » a été créé, par les Seigneurs du Chaos, en utilisant la magie. Il n'a que l'apparence de la vie. Les Dieux ne lui ont insufflé aucun souffle de vie.
- Je ne comprends rien à votre histoire! Vous me parlez de magie, de dieux… Et qui sont ces Seigneurs du Chaos?
- Ce sont mes maîtres, fit le Droloch. Et ils seront bientôt les vôtres! Ils asserviront cet univers et vous les vénérerez! Vous serez leurs esclaves! Même les Guerriers ne pourront rien pour vous! Il est trop tard. A chaque seconde qui passe, le Chaos est plus fort, plus présent dans cette dimension… J'ai échoué dans ma mission… Mais la Guerrière Diamant n'a rien lu d'intéressant dans mon esprit. Vous aussi vous échouerez. Il porta la main à sa corne gauche et la brisa d'un coup sec. Il s'écroula aussitôt.
Le colonel Moore s'agenouilla à son côté et mit sa main sur le cou du corps.
- Il est mort, mon Général…
- J'aurai préféré le tuer moi-même, fit Astor.
- Mon Général!, explosa le Colonel Moore. Vous nous devez une explication! Ce que je viens de voir ici est inexplicable! Comment cet hom…
- Vous avez raison Colonel! Si vous voulez bien vous calmer, et vous aussi, Major, fit Suly en se tournant vers Liet qui semblait très agité, je pourrai vous mettre au courant, ce qui était d'ailleurs le but premier de cette réunion. Cet incident est regrettable, mais significatif : nous sommes infiltrés par des espions… Cela peut expliquer, au moins en partie, la raison pour laquelle nous perdons cette guerre. Asseyez-vous…… Je fais retirer ce corps et je vous révélerai les raisons qui ont entraînées la création du commando X-Force. Je vous dirai aussi qui sont ces nouveaux officiers.
Après le départ des infirmiers qui emmenaient Isord, seulement cinq minutes plus tard, Suly reprit la parole.
- Messieurs, tout ce que vous allez entendre maintenant est classé Top Secret. Aucune de ces informations ne devra être divulguée. Vous n'aurez pas même le droit d'en parler entre vous hors d'un bureau sécurisé comme celui-ci. J'espère que vous m'avez bien comprise. Tout manquement sera considéré comme une trahison.
Elle leur expliqua alors quel était l'ennemi et ce qu'était le Chaos, d'où venaient les jeunes officiers, comment ils avaient été envoyés sur Terre pour aider à combattre le Chaos et pourquoi leur nom de famille à tous était identique. Astrée l'aida en appuyant son discours d'images télépathiques.
A la fin d'une séance de plus de deux heures, l'état major de Suly était prêt à collaborer avec les Guerriers. Il fut ensuite décidé de contacter le Q.G. de l'armée à NeoTokyo pour rechercher le transport que le Droloch Isord devait rejoindre. Le Lieutenant Kolar, un jeune pilote prometteur, fut désigné pour remplacer Isord comme pilote de F45-FlyRob.
A la fin de la réunion, après un rapide repas servit dans la salle de briefing, Suly emmena le jeunes gens visiter le reste de la base, ce qui permit à Astrée de vérifier, le plus discrètement possible, qu'il n'y avait pas d'autres espions du Chaos au sein du commando.
La visite dura environ trois heures mais fut pourtant si rapide que les compagnons n'eurent pas le temps de s'étonner de tout ce qu'il virent. Personne ne semblait inactif et le vrombissement des moteurs étaient parfois assourdissants.
- Bien, fit Suly. Vous revoilà devant vos quartiers. Je vous laisse vous installer et vous reposer un peu. On se retrouvera au mess des officiers pour le repas à 19 heures.
Chacun entra dans sa chambre.
Astrée s'affaira à ranger ses affaires. La chambre était plutôt petite mais bien agencée. En tant qu'officiers, elle et ses amis avaient droit à une chambre particulière et non au dortoirs de huit personnes réservés aux hommes et femmes de troupe. Elle inspecta l'armoire. Elle y trouva trois uniformes, deux combinaisons de vol, et quelques tenues civiles. Suly avait choisi avec goût. Ayant fin, elle s'allongea sur le lit, ni trop mou, ni trop dur, et repensa à tout ce qui lui était arrivé en quelques jours.
Qui aurait cru qu'une simple jeune fille de seize ans, qui habitait de surcroît une petite ville d'Elonia, vivrait toutes ces aventures. Il lui semblait qu'il y avait déjà si longtemps que ce messager c'était présenté chez elle. En fait, c'était il y avait moins d'un mois. Elle pensa à son père. Où était Ianis à présent? Hystèria le gardait-elle emprisonné? Était-il mort? Ou bien libre?
Des larmes coulaient lentement sur ses joues lorsqu'elle s'endormit.
Elle se réveilla moins d'une demi-heure avant le repas. Elle se débarbouilla rapidement. Elle sonda rapidement les chambres voisines. Seul Brimbo était encore là.
Elle sortit et frappa à la porte de Brimbo.
- Entrez.
- Viens-tu manger?, fit Astrée. Je pense que les autres sont déjà partis…
- D-accord, allons y.
Astrée ne se souvenait plus très bien où se trouvait le mess dans ce dédale de couloirs. Heureusement, Brimbo avait l'habitude de s'orienter dans les cavernes naines. Ils arrivèrent donc au mess cinq minutes avant l'heure prévue. Eliwin, Celendil, Astor, Frison et Solia les attendaient à l'entrée. Ils prirent la file et remplirent leurs plateaux. Au moment où ils allaient s'asseoir à une table, Suly les appela et leur fit signe de venir s'installer à la sienne. Il y avait déjà là le colonel Moore, le capitaine Blacke, le major Liet et deux autre hommes.
- Permettez moi, dit Suly, de vous présenter les Lieutenants Roll et Kany.
Elle les présenta alors aux deux lieutenants.
- Heureux de voir que vous ne portez pas vos épées, railla le major Liet.
- Nous sommes toujours armés, Major, répondit Celendil.
- Même si vous ne pouvez pas vous en rendre compte, poursuivit Eliwin.
- Humff.
- Allons, dit Suly. Rompez-là, s'il vous plaît. Demain sera une dure journée… Vous commencerez tous votre entraînement réel. Astor, Eliwin, vous avez vu nos hommes s'entraîner au gymnase tout à l'heure. Que pensez-vous de leur techniques de combat?
- A vrai dire, j'ai été impressionné par l'utilisation de ce que vous appelez « pistolaser », mais cette arme n'est efficace qu'à moyenne et longue portée. En ce qui concernent le corps à corps, je les trouve plutôt mauvais.
- Je suis d'accord, enchaîna Eliwin. Ils ne savent pas se défendre contre un adversaire trop près. Le Capitaine Blacke nous a montré les épées que vous utilisez pour le « sport ». Elles sont très fines et légères mais incapables de traverser une armure.
- Mais, intervint le capitaine Blacke, il y a longtemps que plus personne n'utilise d'épées ou d'armures comme les vôtres : les lasers ne laissent pas à l'adversaire le temps d'approcher.
- Sauf si quelqu'un trouve le moyen de se protéger du laser en le déviant ou en le dissipant, proposa le lieutenant Roll. Ce pourrait être la raison de nos défaites en combat terrestre.
- C'est possible, poursuivit le colonel Moore, mais jusqu'à présent personne n'a réussi à le faire.
- Un de mes amis travaille sur ce projet en ce moment, dit Suly. Il a peut-être même réussi, mais l'appareil nécessaire à la réalisation de cet effet est très gros. On peut l'installer sur un grand vaisseau, mais on ne peut pas l'utiliser pour une protection individuelle.
- Et pourtant, ils se battent avec des épées, marmonna Bob Kany.
- Il y a peut-être une autre solution, fit Solia. Avez-vous pensé à la magie?
- La magie, railla de nouveau le major Liet. Vous êtes peut-être capables de faire apparaître une armure en éblouissant tout le monde, mais de là à stopper un rayon laser… Ce serait de la véritable magie, celle qui n'existe pas!
- N'en soyez pas si sûr, déclara Suly. Elle éleva alors son verre de cantine et, sous le regard stupéfait de ses hommes, elle le changea en un superbe verre de cristal.
- La magie peut faire beaucoup de chose, reprit Solia. Et peut-être même arrêter vos lasers. D'ailleurs, j'aimerai tenter quelque chose, si nous trouvons un endroit calme.
- Nous irons en salle de briefing après le repas, déclara Suly.
Ils achevèrent rapidement leur repas.
Dès leur arrivée dans la salle, Solia demanda au lieutenant Roll de tirer sur un objet qu'elle lui désignerait, ce qu'il accepta.
Il y avait sur le mur, au fond de la salle deux spots lumineux qui éclairent le symbole de X-Force.
Elle murmura une incantation et pointa son index vers un des spots.
- Vous pouvez tirer sur ce spot Lieutenant.
Roll se tourna vers Suly, qui hocha la tête, puis visa. Il appuya sur la détente. Un fin pinceau de lumière se précipita à la rencontre du spot. Les Terriens s'attendaient tous à voir se pauvre spot exploser mais le faisceau sembla disparaître quelques millimètres avant de toucher le spot. Le lieutenant, après avoir réglé la puissance de son laser au maximum, tira à nouveau. Et le même phénomène se reproduisit.
- Incroyable!, fit-il.
Le major Liet baissa la tête comme un enfant boudeur.
- Quel sort as-tu utilisé, interrogea Brimbo?
- Un sort d'absorption d'énergie. Le seul inconvénient de ce sort, c'est que si on l'utilise sur un chasseur, par exemple, celui-ci ne pourra pas utiliser ses armes énergétiques. Elles seraient absorbées de la même manière que celle qui seraient tirées contre le vaisseau. De plus ce sort n'est efficace que quelques dizaines de minutes.
- Bien, fit Suly. Cette démonstration était tout de même intéressante. Lieutenant Roll, Lieutenant Kany, vous voilà maintenant soumis au secret le plus absolu. Vous n'avez rien vu, ni rien entendu ce soir. Je saurai si vous avez parlé… Maintenant, je vais me retirer. Je pense que vous devriez tous aller vous reposer.
- Enfin une bonne nouvelle, fit Frison tout heureux d'obéir à cet ordre.
Il sortit, suivant Suly et bientôt imité par tous les autres.



F45-FlyRob : machine de guerre mi-avion mi-robot inventée au tout début du XXIIème siècle et ressuscitée pour la Grande Guerre. Le premier de cette nouvelle série vola le 06 juillet 6240. Le pilote en était le Général A. S. Gill, officier commandant la célèbre unité de combat X-Force. Ce vaisseau était une merveille technologique, malgré ses lignes archaïques. Il se pilotait très simplement par la...
Colonel Roll.
(Dictionnaire du Chaos et de la Loi).



- La pensée, répéta Suly. Vois-tu Astrée, le F45-FlyRob se pilote par la pensée, ce qui le rend très simple à diriger et lui donne un temps de réaction très court. Eliwin, Solia et toi, vous allez commencer votre apprentissage de pilotage sur cet appareil tout de suite. Vous vous installez aux commandes, vous attachez vos harnais de sécurité comme je vous l'ai montré et vous appuyez sur le bouton « apprentissage » qui se trouve sur la droite du panneau de commande. Ensuite, vous n'avez plus qu'à suivre les instructions du logiciel d'apprentissage. Compris?
- Compris, répondirent d'une seule voix Astrée, Solia et Eliwin.
Elle se dirigèrent vers leurs appareils. Astrée avait hérité du Super-Flyrob numéro 2, Solia du FlyRob numéro 9 et Eliwin du numéro 10.
Astrée appuya la paume de sa main sur la plaque d'ouverture de son appareil. Suly lui avait dit que l'ordinateur du FlyRob était programmé pour ne reconnaître qu'elle. Un voyant passa au vert et le petit sifflement caractéristique se fit entendre : le cockpit s'ouvrait. Astrée s'installa dans le FlyRob, boucla son harnais et appuya sur le bouton d'apprentissage.
Le bouton s'éclaira d'une lumière bleue et une voix masculine se fit entendre.
- 9 juillet 6240. Module d'apprentissage du S-F45-Flyrob. Veuillez décliner vos noms, grades et unité.
- Astrée d'Elonia, Capitaine, X-Force, répondit Astrée.
- Merci. Veuillez mettre votre casque.
Astrée enfila le casque posé sur le tableau de bord.
- Capture de l'empreinte psychique, reprit la voix. Veuillez patienter.
Astrée promena son regard sur le panneau de commande devant elle. Il y avait bien moins de boutons, de leviers et de cadrans qu'elle ne l'avait imaginé. Tous les panneaux de commande qu'elle avait apprit à utiliser pendant les séances sous ordinateur d'apprentissage, comme cette nuit encore, étaient bien plus fournis que celui-ci.
-Capture d'empreinte psychique terminée, fit la voix au bout de trente secondes. Début de la phase d'apprentissage. Cette unité n'obéira qu'à votre pensée. Pour vous habituez à ce fonctionnement, vous pouvez, pour l'instant, donner vos ordres en mode vocal. Cela aide beaucoup les débutants, mais, en réalité, c'est votre pensée qui est utilisée. Elle ne peut pas être imitée, contrairement à votre voix. Veuillez penser au mot « départ », sil vous plaît.
- Départ, pensa Astrée.
- Transmission claire et nette. Vous pourrez interrompre l'apprentissage à tout moment en pensant « Stop-Apprentissage ». Celui-ci, après une courte révision, reprendra à l'endroit où vous l'aurez arrêté dès que vous appuierez de nouveau sur le bouton du didacticiel interactif d'apprentissage. Voulez-vous commencer tout de suite, Capitaine?
- Oui, allons-y.
- Étude du fonctionnement du FlyRob en mode avion de combat. Appuyez sur le bouton « Commandes Avion ».
Astrée obéit et une partie du panneau de commande bascula, faisant apparaître tout un panel de boutons. Un manche à balai sortit, devant le panneau de commande, accompagné d'un bloc de leviers.
- Voici les commandes manuelle du FlyRob. Elle sont similaire à celles du SkyNet IV. Savez-vous piloter ce type de vaisseau?
- Oui, répondit Astrée.
Le pilotage de ce petit chasseur monoplace faisait parti de sa formation sous ordinateur d'apprentissage de la nuit dernière.
- Bien. La plus grande différence avec le SkyNet, c'est la possibilité de piloter par la pensée. Il y a deux modes de fonctionnement : contrôle par la pensée des armes uniquement activé par la commande « Contrôle-Armes-Oui » et contrôle total de l'appareil par la pensée activé par la commande « Contrôle-FlyRob-Oui ». Pour piloter entièrement en mode manuel, il suffit de penser « Contrôle-Manuel-Oui ». Pour l'instant, vous allez décoller en manuel et vous rendre sur le terrain d'entraînement secteur 14A.
Astrée demanda l'autorisation de décoller, puis elle enclencha deux séries de boutons. Prenant une respiration, elle appuya sur le bouton de mise en route. Les deux réacteur se mirent à vrombir.
Astrée se sentait toute à la fois nerveuse et excitée.
Elle poussa le levier des gaz et le FlyRob se mit en mouvement. Elle se dirigea vers la sortie su hangar et s'avança sur la piste.
- Cet appareil décolle sur une piste beaucoup plus courte que le SkyNet, fit la voix.
- Comprit, fit Astrée.
Elle mit les gaz à fond, libéra les freins et le FlyRob bondit. Elle le laissa rouler sur la piste puis tira le manche vers elle. Le fuselage arrière s'inclina pour aider au décollage. Le FlyRob leva le nez, le fuselage reprit sa position et le chasseur prit rapidement de l'altitude.
- Veuillez entrer la destination sur l'ordinateur de bord, fit la voix. Vous pouvez utiliser le clavier ou bien penser à votre destination.
- Secteur 14A, pensa Astrée.
- Coordonnées entrées. Confirmation?
- Oui.
Une mire apparut en surimpression sur le paysage qu'elle voyait à travers la verrière. De nombreuses informations pouvaient s'afficher aussi bien sur cette verrière que sur son casque. Une flèche clignotait sur la mire.
- Cette flèche vous donne la direction à suivre pour rejoindre les coordonnées de destination. Elle se rapprochera du centre de la mire au fur et à mesure que vous en approcherez. Pour passer en mode « Combat », il suffit de penser la commande « Mode-Combat-Oui » ou bien de rentrer cette commande sur l'ordinateur si vous voulez rester en mode manuel. Cette mission est un bombardement de cibles. Passez en mode combat.
- Contrôle-Armes-Oui, Mode-Combat-Oui, pensa Astrée.
De nouvelles informations s'affichèrent sur la verrière. Astrée les identifia comme des mires de combat.
- Vous choisissez vos différentes armes par des commandes du type « Armes-Missiles MK1-Oui ». Le S-F45-FlyRob dispose de quatre canons lasers, de deux canons lasers à longue portée, de deux canons au plasma, de huit missiles Air-Air MK1, de huit missiles Air-Sol AKA12, de quarante roquettes à guidage infra-rouge IRG2 et de quarante roquettes à détection de masse et dispositif anti-retour RDM4. Dix de chacun de ces types de roquettes pointe vers l'arrière. Pour cette mission, il faut utiliser des roquettes RDM4. Arrivée sur l'objectif dans quarante cinq secondes.
- Armes-Roquettes RDM4-Oui, pensa Astrée.
Les signes sur la mire changèrent encore : une mire de combat par missile venait d'apparaître.
- Vous devez sélectionner une cible par une pensée du type « Cible-Visu-Oui », pour sélectionner la cible dans votre champ visuel ou par « Cible-Proximité-Oui » pour sélectionner la cible la plus proche de vous, même si elle se trouve sur votre arrière. Vous pouvez aussi sélectionner toute cible à portée en la sélectionnant à l'aide de l'ordinateur de vol. Vous déclenchez le tir par la commande « Armes-Nombre de tirs-Feu ». Cible dans onze secondes.
Astrée réduisit sa vitesse de soixante pour cent. Pendant un instant, le paysage paru se rapprocher d'elle. Elle vit au sol un ensemble de navettes de transports de troupes.
- Il faut détruire ces transports, fit la voix.
-Cible– Visu-Oui.
Le premier des transports se mit en clignoter en rouge. Cette illusion était crée par la superposition, au niveau de son casque, du transport réel avec une silhouette rouge clignotantes.
Astrée amena la transport au milieu de sa ligne de visée.
- Armes-2-Feu.
Deux roquettes quittèrent leur logement et se ruèrent à la rencontre du transport qui explosa dans un furieux grondement.
- Cible détruite, fit la voix. Le deuxième transport décolle. Détruisez-le avec vos canons lasers.
- Armes-Laser 1 et 2-Oui, pensa Astrée en tirant sur le manche. Cible-Proximité-Oui.
Elle ne voyait pas sa cible, mais la mire lui indiquait que le transport était juste derrière elle. Elle manœuvra le FlyRob pour se trouver derrière le fuyard.
- Armes-4-Feu. Les deux lasers supérieurs lancèrent deux rayons chacun. Un seul toucha le transport et fut dévié par son bouclier.
- Vous pouvez réutiliser la même commande d'armement par la commande « Feu ».
Astrée se remit en position de tir et accrocha le transport pour la seconde fois.
- Feu.
Cette fois, trois des quatre tirs touchèrent le transport. Il n'explosa pas mais les instruments du FlyRob indiquèrent à Astrée que ses boucliers étaient hors d'usage. Le transport tourna sur la gauche, suivit de près par Astrée.
-Feu.
Deux des rafales firent sauter l'arrière du transport. Une troisième pulvérisa l'avant gauche. Le transport explosa.
- Fin de Mission, Capitaine. Résultats très satisfaisants. Retour à la base.
Astrée ramena son FlyRob en suivant les instructions du système d'apprentissage.
Elle profita du retour pour profiter pleinement de la sensation de voler.
L'accélération, sur ce type d'appareil, était très bien compensée et le pilotage n'était plus aussi physiquement stressant qu'à l'époque des pionniers des vols à réaction.
La Terre, vue de haut, sembla vraiment belle à Astrée. Elle vit des champs, des forêts et bien peu de constructions.
Voler lui donnait des sensations inconnues et elle se rendit compte qu'elle adorait ça.
Elle arriva bientôt à la base et se posa sans problème.
Elle ne vit que trois autres FlyRobs, dont celui d'Eliwin. Elle coupa les réacteur après avoir rangé son appareil à sa position de départ.
- Impression des commandes utilisables, fit la voix.
Une feuille glissa silencieusement d'une fente située sous l'ordinateur de vol. Astrée la prit. Sur cette feuille étaient imprimées toutes les commandes qu'elle venait d'utiliser plus un certain nombre qu'elle ne connaissait pas.
Elle enleva son casque.
- Arrêts systèmes, fit la voix.
Astrée sortit de son cockpit.
Une voix retentit dans le hangar.
- Pilotes de FlyRobs, au rapport.
Astrée rejoignit Eliwin, Bob Kany et le Lieutenant Kolar, nouveau promu au pilotage du FlyRob, après la mort « accidentelle » du Droloch Isord.
Ils se dirigèrent vers le bureau du Général Gill où ils furent introduits par le Sergent secrétaire de Suly.
- Pilotes de FlyRob au rapport, mon Général.
- Bien. Je viens de recevoir les rapports des ordinateurs de vol de chacun de vos FlyRobs. Ils sont très satisfaisants. Lieutenant Eliwin, un peu plus d'attention vous est recommandé, mais vos résultats sont très bons. Lieutenant Kolar, pilotage excellent mais vous devriez être un peu plus patient avant de tirer. Vous avez tiré deux fois plus de rafales laser que les autres. Capitaine Astrée, pilotage vif et sûr, tirs efficaces. N'ayez pas peur de tirer quelques coups de plus pour en terminer plus vite. Si vous aviez utilisé vos quatre canons, vous auriez détruit ce transport à votre deuxième tir. Lieutenant Kany, exercice parfait. Vous reprendrez tous à quatorze heures. D'ici là, vous avez quartier libre. Bon appétit.
Ils sortirent du bureau de Suly en ruminant les remarques qu'elle avait faîtes.
- Si nous allions manger, proposa Bob. Il est presque midi et il y aura moins de monde maintenant que dans dix minutes.
- Merci, répondit Kolar, mais j'attends un ami.
- Moi, je viens, fit Eliwin, imitée par Astrée. Au fait, Solia n'est pas encore rentrée?
- Je ne sais pas, répondit Astrée. On la verra tout à l'heure.
Ils allèrent donc au mess, Kolar les quittant à l'entrée. Ils remplirent leurs plateaux-repas et s'installèrent à une table.
- Pour hier soir, demanda Kany, c'était vraiment de la magie?
- Oui, répondit Astrée.
- Mais ce n'était pas une illusion, un trucage?
- Non, pas du tout.
- Alors il faut m'expliquer.
- Lieutenant Kany…
- Bob! Appelez moi Bob, s'il vous plaît.
- Bob, je ne peux rien vous dire sur la magie sans l'autorisation de Suly.
- Mais, j'étais là hier soir… Elle ne m'a pas fait sortir.
- C'est vrai, dit Eliwin. Il était là.
- Bon, d'accord, reprit Astrée. Je vais vous dire ce que je peux. Mais vous devriez plutôt en parler à Solia. C'est elle la vraie spécialiste. Enfin… Il existe plusieurs sortes de magie. On peut donc la décomposer en plusieurs éléments : la magie matérielle, la magie spirituelle et la magie Runique. Il existe un dernier groupe, la magie élémentaliste qui se situe entre les magies matérielles et spirituelles. Solia est une spécialiste en magie matérielle.
- C'est à dire?
- C'est une magie qui puise sa force dans le plan matériel. La magie spirituelle utilise plutôt la force psychique du lanceur de sort.
- Et la magie runique?
- C'est la plus vielle forme de magie. Mais elle est plus complexe et plus lente à mettre en œuvre que les autres.
- Et quels sont donc ses avantages?
- Elle est plus puissante et surtout ses sorts ne sont pas figés. Avec les autres magies, vous disposez d'un éventail de sort, d'effets si vous préférez, assez large mais borné. La magie Runique ne dispose d'aucune borne. On peut l'utiliser aussi bien pour faire disparaître un bouton d'acné que pour élever une montagne. Mais que ce soit pour l'un ou l'autre de ces effets, le sort est long et difficile à construire.
- Je pourrai apprendre cette magie?
- Je ne sais pas. En fait, je ne crois pas. Il faut étudier très longtemps pour apprendre la magie runique. Plusieurs dizaines d'année en fait…
- Et pensez-vous que Solia pourrai m'apprendre sa magie?
- Peut-être, fit Eliwin avec enthousiasme. Il suffit de le lui demander.
Le reste du repas fut plutôt silencieux. Ils allèrent ensuite se détendre un peu dans la salle de repos des officiers. X-Force était l'unité du service actif qui comptait le plus d'officiers par rapport au nombre d'homme. Cela expliquait pourquoi la salle était bondée.
Astrée y retrouva Astor et fit la connaissance du capitaine Issec, pilote des forces aériennes et spatiales, du commandant Jetson et du Lieutenant Ford, pilotes de FlyRobs.
La mission d'entraînement de l'après-midi était une mission de combat en équipe. L'escadre de FlyRob fut donc divisé en deux équipe.
L'escadron Rouge était commandé par le Général Suly Gill et comprenait le capitaine Lusse, les lieutenants Roll, Kolar et Goal ainsi qu'Eliwin.
L'escadron Vert était commandé par le major Liet et comprenait le commandant Jetson, les Lieutenant Ford et Kany ainsi que Solia et Astrée.
- Au briefing, fit le major Liet à son équipe.
Tout le monde le suivit dans une petite salle.
- Alors, demanda Astrée à Solia sur le chemin, ta mission de ce matin?
- C'était bien. Je suis arrivée dix minutes après vous, mais, après mon rapport, il y avait un monde fou au mess. Suly m'a demandé de pousser un peu plus sur les moteurs et de tirer un peu moins.
- Ah, fit Astrée en riant. Elle m'a demandé de tirer plus.
Solia pouffait encore quand ils entrèrent dans la salle.
- Silence les bleues, fit le major Liet.
Astrée et Solia se turent instantanément.
- Il m'énerve, entendit Astrée télépathiquement.
Ce message venait de Solia.
- Moi aussi…
- Cette mission est simple, commença le major Liet. C'est eux contre nous. La première équipe qui n'a plus de FlyRob a perdu. Vous allez voler en formation deux par deux. Commandant Jetson, vous serez mon numéro 2. Lieutenant Ford, vous serez le numéro 3 et le Lieutenant Eliwin votre numéro 4. Lieutenant Kany, vous serez le numéro 5 et le Capitaine Astrée le 6.
- Major?, fit le Commandant Jetson.
- Oui?
- Le Capitaine Astrée ne devrait-elle pas être numéro 3 ou 5?
- Commandant, c'est encore une novice. Et c'est moi qui donne les ordres. Compris?
- Oui Major.
- Bien. La radio devra être sur le canal 14. Bien entendu, il n'est pas question de tirer. Vous vous contentez d'accrocher votre adversaire. Dès que vous avez le bip, vous passez sur le canal 1 et vous faîtes confirmer votre victoire. Si vous êtes accrochés, vous passez aussi sur le canal 1 et vous confirmez que vous êtes touché. Tous ceux qui auront été accrochés devront rentrer directement à la base. Altitude maximale de jeu, 5000 mètres. Tout est clair?
Il n'y eu pas de réponse.
- Bien, allons-y.
Lorsqu'Astrée voulue ouvrir son cockpit, elle remarqua que son nom et son grade avaient été peints sur le fuselage.
Elle s'installa, boucla son harnais et mit son casque.
- Départ-Systèmes, pensa-t-elle.
- S-FlyRob prêt à recevoir vos instructions, Capitaine Astrée.
- Contrôle-Armes-Oui, Radar-On, Radio-On, Canal-14.
- Équipe Verte, on décolle, fit la voix de Liet dans le casque.
Astrée fit les manœuvres de pré-décollage et les moteurs se mirent à vrombir. Le plein d'énergie avait été fait, remarqua-t-elle. Elle suivit le FlyRob de Bob Kany et décolla derrière lui.
- L'équipe Rouge est partie il y a huit minutes. Ils nous attendent au secteur 14A13C. Entrez ce code dans vos ordinateurs de vol.
Astrée obéit et les flèches de direction apparurent sur la mire.
- Objectif dans trois minutes, fit la voix de l'ordinateur de vol.
Astrée suivait toujours Bob.
- Patrouille par équipe de deux. Bonne chasse, fit la voix de Liet par radio.
- Mode-Combat-Oui, Armes-Missiles MK1-Oui.
La mire de combat apparut.
- Radar-Combat-Oui, Affichage-Cibles-Oui.
De petites silhouettes de FlyRobs apparurent sur la mire.
- Bob, 4 FlyRob à deux heures.
- Je les vois. Suivez moi.
Bob monta à toute allure, suivit par Astrée. Il grimpèrent jusqu'au plafond limite du jeu et furent mille cinq cents mètres plus haut que les autres.
Bob effectua alors une spirale descendante pour les amener derrière un FlyRob de l'équipe Rouge. A quatre mille mètres d'altitude, Astrée repéra le FlyRob du Capitaine Lusse juste deux cent mètre plus bas.
- Il est à moi, dit-elle à Bob. Cible-Visu-oui.
Elle ne quittait pas le FlyRob du Capitaine Lusse des yeux.. Il se mit à clignoter en rouge.
- J'attaque Kolar, fit la voix de Bob.
Astrée effectua une dernière boucle et se plaça dans les six heures du capitaine Lusse, juste un peu au dessus.
Celui-ci venait de l'apercevoir, mais Astrée pilotait presque d'instinct et malgré tous ses efforts, le capitaine Lusse ne parvenait pas à se dégager. La mire d'Astrée se resserra sur le FlyRob adverse. Le triangle étant au milieu du cercle, un bip retentit.
- Canal 1.
- Je suis touché, fit la voix de Lusse. Bien joué…
- Merci Capitaine. Canal 14.
- Le général m'a eu, fit la voix du major Liet. Je rentre.
Bob avait « descendu » le lieutenant Kolar, mais venait d'être accroché par le Lieutenant Roll. Eliwin accrocha Solia, juste avant de l'être par le commandant Jetson. Astrée accrocha le Lieutenant Goal sans trop de difficulté, pendant que Suly « explosait » le commandant Jetson. Le lieutenant Ford accrocha alors le lieutenant Roll.
Il ne restait plus que Suly pour l'équipe Rouge, Astrée et Ford pour l'équipe Verte.
Astrée n'en voyait aucun. Elle fit défiler les cibles sur son ordinateur de vol. Suly était référencée cible 2.
- Cible numéro 2-Oui.
Les flèches indiquèrent la position de Suly. Elle était deux mille mètres plus haut, à onze heures. Lors de son affrontement avec Goal, Astrée était descendue plus bas qu'elle ne le pensait. Elle remonta rapidement et vit le FlyRob de Suly qui poursuivait celui de Ford. Astrée aligna sa mire et, au même instant, un bip d'accrochage retentit dans les cockpit de Ford et de Suly. Suly aurait-elle eu le temps de détruire réellement le FlyRob de Ford avant d'être abattue par Astrée? Ce qui était sûr, c'est qu'Astrée était la seule survivante de l'épreuve et donnait la victoire à l'équipe Verte.
Le retour se fit sans problème et ils atterrirent tous les trois, l'un après l'autre, Astrée la dernière. Elle gara son appareil et en sortit.
Suly la rejoignit immédiatement.
- Tu as été très forte, Astrée. Je ne t'ai pas vue arriver, trop concentrée sur le Lieutenant Ford. Il est très fort lui aussi et j'ai eu du mal à l'accrocher. Mais il y a un problème que je dois régler immédiatement. Viens avec moi. Major Liet, dit-elle en se dirigeant vers lui, suivez-moi!
Ils se rendirent tous les trois dans le bureau de Suly. Celle-ci avait l'air en colère. Elle s'asseya à son bureau et se tourna vers le major Liet.
- Major Alf Liet, il me semble que le capitaine Astrée volait en position de numéro six, sous la direction du Lieutenant Kany. Quelle en est l'explication?
Le major bouillait de colère mais ne semblait pas savoir quoi répondre.
- J'attends, Major!
- Mon général, il m'a semblé que l'inexpérience de cette jeune fille pouvait être un danger pour les autres et, de plus, il me semble que cet…
- Assez, Major. Vous aviez prit connaissance, tout comme moi, du rapport sur son entraînement du matin. Le lieutenant Ford n'avait, lui aussi, qu'une matinée d'entraînement sur cet appareil. Vous l'avez bien placé en numéro trois, non? Major, le Capitaine Astrée a gagné notre petit jeu. Brillamment. Elle n'a mit en danger personne! Elle est digne de piloter son FlyRob. Ravalez votre jalousie! A partir de cet instant, je veux que vous traitiez le Capitaine Astrée d'Elonia en fonction de son grade. Est-ce bien compris?
- Oui, mon Général.
- Bien, rompez.
Liet fit un demi-tour impeccable et sortit de la pièce.
- Il me déteste, fit Astrée. Il pense que je lui ai volé sa place.
- Tu as lu dans ses pensées?
- Il émettait tellement fort que j'ai cru qu'il était télépathe. Je n'ai pas cherché à le sonder mais ses pensées m'ont assaillie. Sa haine m'a fait peur et j'ai donc fouillé un peu son esprit. Il est très jaloux de moi mais sa loyauté m'a semblé irréprochable.
- Nous verrons bien. Tu peux rejoindre tes amis maintenant.





S'adapter à une autre manière de penser, apprendre à se connaître, à connaître l'autre et à se comprendre, voilà quelles furent les difficultés que surmontèrent tous les membres de l'unité X-Force.
Général A. S. Gill.





Après le repas du soir, Astor proposa à ses amis de se retrouver, tous ensembles, dans une salle, pour discuter de leur journée. Suly accepta volontiers de leur laisser la salle de briefing où ils disparurent rapidement.
- Alors, fit Frison, qu'avez-vous fait aujourd'hui? La journée a-t-elle été passionnante et excitante?
Tout le monde se mit à parler en même temps, chacun voulant raconter sa journée en premier.
Frison et Eliwin rirent presque tout le temps.
Astor avait effectué ses premiers vols en SpaceFighter et avait effectué presque les mêmes mission qu'Astrée, bien qu'au test de combat il fut abattu assez rapidement par son instructeur, le commandant Youri Vroltechev.
Frison avait presque écrasé son SkyLooker en effectuent des loopings, ce qui lui avait valu une discussion mouvementée avec le colonel Moore. Son pilotage était pourtant presque parfait, mais, fidèle à son habitude, il manquait, parfois, de discipline et de concentration. Son instructeur était le commandant Miho Takagi, une jeune femme d'origine asiatique.
Celendil et Brimbo s'étaient entraînés, pendant la matinée, à se servir de pistolasers et autres fusils-lasers avec le commandant Tao Tsing-An, lui aussi asiatique. L'après-midi, ils avaient piloté divers engins terrestres sous la direction du major Tomasc Bilanski. A cette occasion, Brimbo eu certains problèmes : le siège du HardRunner II, même dans sa position la plus avancée, était un peu trop éloigné des commandes pour lui. Cela lui attira la moquerie de certains hommes de troupes, mais lors des combats au corps à corps qui suivirent, Brimbo leur fit ravaler, sans ménagement. Sa force et son agilité, malgré son apparente petite taille, lui permit de vaincre chacun de ses adversaires. Le respect, sinon l'admiration, remplaça la moquerie dans le regard de bien des combattants.
Astrée, Solia et Eliwin racontèrent alors leur propre journée.
- Je pense, dit alors Celendil qu'Astor, Eliwin et moi-même devrions former ces hommes à nos propres techniques de combat : épée et arc. Je sens que cela pourra servir et aussi les aider à mieux nous apprécier.
- Je suis d'accord, répondit Astrée. Nous pourrons ainsi mieux nous intégrer dans cette unité. Il faut qu'ils voient en nous un atout et non un poids mort. A ce propos, je pense aussi que...
Elle fut interrompue par un frappement à la porte.
Frison la déverrouilla. Elle s'ouvrit sur les Lieutenant Roll et Kany.
- Excusez-nous de vous déranger, fit Bob, mais nous aurions aimer parler à Mademoiselle Solia. C'est à propos de la conversation que nous avons eu à midi...
- J'allais justement lui en parler, fit Astrée. Entrez Messieurs.
Ils allèrent s'asseoir sur des chaises libres.
- Solia, reprit Astrée. Eliwin, bob et moi-même avons discuté de magie à midi. Bob voudrait l'apprendre mais je lui ai dit de s'adresser à toi. En fait, en y réfléchissant bien, cela me semble une bonne idée. Tu pourrais peut-être apprendre ce que tu sais à quelques un des membres de ce commando.
- Je ne sais pas, répondit Solia. La magie est difficile et longue à apprendre. De plus ce monde semble si peu " magique "... Et, est-ce que je saurais l'apprendre à quelqu'un?
- Si tu te limite à des sorts simples mais pratiques, intervint Celendil, cela pourrait aller, non?
- Peut-être... En tout cas, on peut toujours essayer. Qui est pour, demanda Solia.
Pendant quelques secondes, pas une main ne se tendit et pas un son ne se fit entendre.
- Si nos ennemis utilisent la magie, dit alors Astor, c'est que l'on peut le faire dans cet univers. Et plus nous aurons d'hommes capables de l'utiliser, plus nous seront forts et en mesure contrer les forces du Chaos.
- En plus, ils seront surpris, renchérit Frison.
- La motion est donc acceptée, fit Eliwin en riant.
- D'accord, dit Solia. Je vais essayer.
- Avant, intervint Brimbo, il va falloir que tu choisisse tes élèves...
- Oui, c'est vrai... Mais je ne sais pas encore comment je vais les sélectionner.
- Ne nous précipitons pas, fit Celendil. Il faudra d'abord que Suly soit d'accord.
- Bien sûr, mais je voulais dire qu'il faut certaines qualités pour être un magicien. Je ne sais pas si je saurai comment reconnaître ceux qui ont ce " don ".
Bob Kany et Fabien Roll, qui étaient volontairement restés silencieux étaient très heureux de cette décision et espéraient tous deux être choisis.
Suly les rejoignit à ce moment là.
- Bonsoir, tout va bien? Ah, je vois que vous vous  faîtes des amis!
- Tout va bien, répondit Solia. Et je suis heureuse de vous voir... Mon Général.
Solia, se rappelant la recommandation de Suly et se souvenant de la Présence des deux Lieutenants avait, après une légère hésitation, rajouté la salutation réglementaire.
Solia, Astrée, Astor et Celendil présentèrent à Suly leur projets de cours d'escrime, d'archerie et de magie.
Suly fut enchantée de ces idées.
- Je vais réaliser un emploi du temps pour l'unité ce soir. Cette unité viens juste d'être crée, mais il faut que nous nous organisions et que nous nous entraînions sérieusement. Ces emplois du temps seront effectifs dès demain matin. J'y intégrerai escrime, archerie et un cours que j'intitulerai... " psychologie ". Je ne peut tout de même pas écrire magie... Lieutenant Roll, Lieutenant Kany, je vous prie d'oublier ce que vous venez d'entendre! Cela ne doit pas sortir de cette pièce. Compris?
- Oui, mon Général, firent-ils d'une même voix.
- Au fait, continua Solia en se tournant vers les jeunes gens, le transport que devait rejoindre le Droloch à été retrouvé détruit. Il n'en reste rien d'utile... Ils ont dû se douter de quelque chose... Bon, je vous laisse. Bonne nuit à tous.
Suly se retira.
- Je pense que je vais, moi aussi, aller me reposer fit Astrée. Bonsoir.
Elle quitta la pièce pendant que ses amis lui souhaitaient un bon repos.
Elle se rendit directement dans sa chambre. Elle se sentait lasse. Cette journée avait été, en fait, assez longue et éprouvante.
Elle commença à se dévêtir. Elle était heureuse de quitter cet uniforme. Elle préférait les habits qu'elle portait sur Elonia.
Enfin nue, elle commença sa toilette. Les pensées se bousculaient dans son esprit. Les siennes et les dizaines d'autres captées involontairement tout au long de la journée.
Le commando X-Force était composé exclusivement des meilleurs spécialistes. C'était vraiment une unité d'élite. Astrée avait bien " sentit " que les hommes étaient fiers du matériel d'exception alloué à cette unité. Mais tous s'interrogeaient sur sa présence et celles de ses amis. Ils les trouvaient étranges et trop jeunes. Beaucoup s'en accommodaient, d'autres, comme Kany, Roll ou même Moore, semblaient les apprécier mais certains, plus nombreux qu'elle ne l'aurait souhaité, , semblaient ne pas les aimer, voire les détester, comme le major Liet. Ce qui semblait sûr à Astrée, c'est que tous ces hommes et femmes attendaient de les voir faire leurs preuves et démontrer leur capacité à faire parti de cette unité d'élite. A ce titre, les cours décidés un peu plus tôt lui paraissaient une excellente idée.
Astrée, ayant fini sa toilette, se glissa dans son lit. Elle éteignit la lumière, et se sentit glisser lentement dans un sommeil réparateur.
A cet instant on frappa à sa porte.
- Astrée, c'est Astor. Puis-je entrer?
Astrée se redressa, à moitié endormie.
- J'arrive!
Elle se leva et se dirigea vers la porte. Elle allait l'ouvrir quand elle réalisa qu'elle était complètement nue.
- Un instant s'il te plaît, cria-t-elle.
Elle sortit une robe légère de son placard et l'enfila à la hâte.
Enfin, elle alla ouvrir la porte.
Astor se tenait là, très droit, l'air vaguement gêné.
- Puis-je entrer? Je voudrais te parler un peu...
- Bien sûr, vas-y. Tu peux t'asseoir sur la chaise si tu veux.
- Merci.
Astor s'installa sur l'unique chaise de la chambre. Astrée s'installa donc sur son lit.
- Alors, fit Astrée, de quoi voulais-tu me parler?
- Je ne te dérange pas trop au moins? Tu ne dormais pas?
- Presque, mais ce n'est pas grave... Je suis complètement réveillée maintenant.
- Bon...
Astor hésita quelques secondes.
- Astrée, cela fait maintenant plus d'un mois que nous vivons tous les sept et nous ne savons presque rien les uns des autres...
- C'est vrai, répondit Astrée. Nous n'avons jamais vraiment eu le temps de parler entre nous... Et, si c'est ce qui t'inquiète, je n'ai jamais lu dans vos pensées pour apprendre vos secrets.
Astrée se sentit un peu honteuse de son demi-mensonge : en fait, si elle n'avait jamais lu les pensées d'Astor, elle avait lu celles de Galmir le jour où elle était devenue le Guerrière Diamant. Elle connaissait sur Astor des choses qu'il ne soupçonnait pas lui-même. Mais elle avait promis à Galmir de n'en rien dire. De toute façon, il était trop tôt...
Astor, quant à lui, avait rougi.
- Je ne pensais pas à... ça. Je te fais confiance, Astrée. Une intuition me dit que je pourrais toujours compter sur toi. C'est pour ça que je suis venu te voir la première.
- Bon, je commence ou tu préfère d'abord me parler de toi?
- C'est moi qui suis venu. Je commencerai donc. Tu me connais sous le nom d'Astor, mais je possède un nom de famille...
- Tu es donc Noble?
- Oui. Je me nomme Astor Angvil Seren d'Ur. Je suis le Prince de cette cité et fils unique d'Aeglor Galid Fern d'Ur, Roi d'Ur.
- Ur, c'est bien cette ville près de la mer du Sud? Celle qui s'oppose depuis des siècles à la cité voisine d'Us?
- Oui. Nous nous faisons une guerre presque incessante... et inutile! Personne ne sait même plus pourquoi nous nous battons! Cela dure depuis au moins huit cent ans... Mon père souhaiterai arrêter cette guerre mais la pression de ses conseillers et de ses chevaliers lui rend cette décision impossible à prendre. On le renverserait... J'ai été élevé dans ce climat guerrier. Je savais monter mon poney et me battre à l'épée bien longtemps avant de savoir lire. Pourtant, sous le règne de mon père, les batailles sont moins fréquentes. J'ai aussi l'impression que le Roi Fiorinus d'Us souhaite la paix mais qu'il est dans la même situation que mon père. Quant à moi, je n'aime pas me battre sans savoir quelle cause je défend. En tant que Guerrier d'Aaloon, je sais que ma cause est juste et que je me battrai jusqu'au bout. En tant que Prince d'Ur, je n'ai aucune envie de me battre. Mon père ne m'a pas élevé dans la haine du voisin bien que tous les autres nobles d'Ur haïssent Us. Je ne vois aucune issue à cette guerre... Mon précepteur, Gaïen, m'a apprit l'histoire, la philosophie, les lois et la musique -je suis un modeste joueur de luth - et il m'a apprit le sens des valeurs, l'honnêteté, la franchise. Ma mère, la Reine Sylvia, m'a apprit la compassion, la bonté et la pitié. C'est une mère aimante et douce... Elle a beaucoup influencé mon père.
Astor fit une courte pause.
- Un jour, reprit-il, si nous arrivons à repousser le chaos, je régnerai sur Ur. Comment pourrai-je accepter cette charge? Je ne veux pas d'un trône qui m'obligerai à passer ma vie à me battre contre Us, qui n'est pas mon ennemie, ou à m'opposer sans cesse à une cour complotant sans cesse pour me renverser ou m'assassiner. En fait, je suis heureux d'avoir été choisi par Aaloon. Cela m'a permis de fuir... Je viens d'arriver à l'âge où je n'aurais pas pût refuser de combattre " l'ennemi ". Je ne suis pourtant pas un lâche... Je vais me battre à vos côté avec tout le courage qu'inspire une cause juste. Tu me comprends?
- Bien sûr! Je sais, moi, que tu es vaillant et courageux. Ce n'est pas de la lâcheté que de refuser de combattre pour une mauvaise cause, ou pour des raisons tellement stupides ou insignifiantes que tout le monde les a oubliées. En fait, c'est aussi du courage. Et puis, il est faut de dire que tu as fuit! Au contraire... Ta présence ici te place dans une situation sûrement bien plus dangereuse. Ce n'est pas contre des humains que nous allons nous battre, mais contre le Chaos et ses démons. Pour nous tous, et je suis sûre de parler au nom des autres, tu es l'incarnation du courage et de l'honneur. Ce que tu m'a dit me conforte encore plus dans ce sentiment. Je te respecte profondément Astor. Je serai fière que tu me considères comme ton amie.
Astor souriait. Il essuya une larme qui embuait son œil.
- Merci Astrée, ce que tu m'a dit me fait chaud au cœur. Je ne l'oublierai pas... mon amie.
- Maintenant que tu m'a ouvert ton cœur, c'est à moi de parler...
- Je t'écoute.
- Comme tu le sais, je viens de Mycénia. C'est une toute petite ville qui se trouve au nord de la Forêt de l'Ouest. Elle n'est pas très éloignée de Will, qui est de l'autre côté de la forêt, et de la cité Elfe d'Irrin. Mon père, Ianis, est le Seigneur de cette petite ville. Il est noble, lui aussi, mais il n'utilise jamais son nom de famille. Il m'a expliqué, il y a assez longtemps, qu'il avait accepté de perdre son nom. Il ne me l'a jamais révélé. Donc, moi non plus, je n'ai pas de nom de famille. Je n'ai jamais connue ma mère : mon père m'a dit qu'elle était morte à ma naissance… Il ne s'est jamais remarié. Je n'ai donc ni frère, ni sœur, tout comme toi.
Astrée s'arrêta un instant avant de poursuivre. Sa voix tremblait un peu.
- Mon père a toujours été bon, juste et sévère tout à la fois avec moi. J'ai étudié la littérature, le calcul, l'histoire et les lois. Ces matières semblaient essentielles à mon Père… Je dois avouer qu'elles me plaisaient aussi, surtout la littérature et l'histoire. A Mycénia, on me considérait comme une jeune fille bien élevée mais un peu trop réservée. Il est vrai que je n'avais pas beaucoup d'amis… Je préférais la solitude… et les livres. Les livres étaient ma compagnie préférée.
Astrée se mit à rire.
- En fait, reprit-elle en gloussant, je n'avais vraiment pas l'âme d'une aventurière… Pourtant, depuis que mon père m'a envoyée vers Galmir, je me sens différente, plus sûre de moi. J'ai fait des choses dont je ne me serais pas crue capable.
Elle rit à nouveau.
- Tu te rends compte, Astor, j'ai même tenue tête au Roi Malardil d'Aralda!
Astrée raconta alors cette anecdote à un Astor ahuri.
- Tu lui as vraiment dit ça? J'aurai aimé être là!
- Vraiment! Je ne me suis jamais sentie plus courageuse qu'un autre… En fait, je ne pensais même pas être capable de courage… Je n'avais pas de rêves, non plus… Certaines de mes amies pensaient au mariage, rêvaient de jolie robes et de princes… Moi, non. Je savais, qu'un jour, il faudrait que je prenne un époux, mais j'étudiais, sérieusement, pour être aussi juste et honnête que mon père. C'était ma seule aspiration. Tu sais, j'ai des goûts simples… Je ne veux jamais me sentir supérieure aux autres. Je n'ai pas l'âme d'une héroïne ou d'un chef… En fait, je suis très gênée que Suly m'ai nommée Capitaine. Je pense, sincèrement, qu'elle aurait dû choisir entre Celendil ou toi.
- Tu te trompe Astrée. Même si tu ne t'en rends pas compte, tu es le lien entre nous tous. Suly l'a bien compris… C'est toi qui exprime, le plus souvent, l'avis du groupe. Tu es la plus réfléchie, la plus calme et la plus sage d'entre nous. Je ne suis pas jaloux de ton grade, et je suis sûr qu'il en est de même pour les autres. Il est évident, pour nous tous, que tu es notre « chef », même si il est difficile de l'exprimer aussi directement. C'est vrai que, sur Elonia, les femmes se battent rarement et que peu d'entre elles obtiennent de hautes responsabilités. Mais, ici, les choses sont différentes! Suly commande une unité formée uniquement de soldats d'élite. J'ai cru comprendre que ces hommes sont vraiment les meilleurs éléments de leur armée… Ne te sous-estime pas! Tu as une grande volonté. C'est sûrement pour cela que tu as été choisie pour être la guerrière Diamant. Suly n'a fait que rendre plus visible ce qui était déjà un fait… Tu es la « tête » de notre groupe. Galmir le savais… et Sylvain, le Roi Malardil et même Aaloon le savaient aussi! N'en soit pas gênée! Accepte-le! C'est ta force! Pour moi et les autres, c'est un fait aussi clair que le soleil se lève le matin et se couche le soir. Aucun d'entre nous ne souhaite ta place. C'est la plus dure… Et nul d'entre nous n'en est plus digne que toi.
Astrée pleurait à chaudes larmes.
- Astor, merci… merci beaucoup. Je me sentais si gênée… Je n'ai jamais recherché les honneurs…
- Sèches tes larmes Astrée. Je le sais… nous le savons tous. Et moi aussi, je suis fier d'être ton ami.
Il s'approcha d'Astrée et essuya ses larmes, tendrement.

- Allez, souris! Je suis heureux de t'avoir parlé ce soir…

Astrée sécha une dernière larme et rendit son sourire à Astor.

- Moi aussi…

- Bien… Il se fait tard maintenant. Je vais te laisser te reposer…

Il se leva et gagna la porte.

- Bonne nuit Astrée.

- Bonne nuit…

La porte se referma sur Astor.

Astrée se dévêtit à nouveau et s'enfonça dans son lit. A peine eut-elle fermé les yeux, qu'elle sombra dans un agréable et profond sommeil.



Le lendemain matin, Astrée se rendait au mess quand elle remarqua un attroupement dans le couloir. Frison, Eliwin et Astor étaient déjà là, regardant une affiche; c'était la nouvelle grille d'emplois du temps promise par Suly la veille.

Astrée y jeta un coup d'œil.

- Hé bien, fit Frison qui avait bien lu l'affiche, ça va être gai pendant quelques temps!

- Oui, répondit Eliwin. On ne va pas avoir le temps de s'ennuyer!

- Celendil et Brimbo ont été réveillé à six heures, ajouta Astor. A cette heure-ci, ils doivent déjà commencer leur entraînement!

- Oui, répondit Astrée. Et nous, on a à peine le temps d'aller manger. Allons-y.

Ils prirent leur petit-déjeuner assez rapidement, rejoints par une Solia encore ensommeillée.

- Alors, Solia, demanda Astor, tu donnes ton premier cours de « psychologie » ce soir?

- Oui, à partir de 16 heures 30. Je vais choisir les participants entre 16 heures et le début du cours. Je viens d'en discuter avec Suly.

- D'accord, fit Astrée. Maintenant, il est temps d'y aller.

Ils quittèrent le mess. Solia et Astrée se rendirent, suivant leur nouvel emploi du temps, dans une petite salle qui avait été allouée pour les cours des pilotes de FlyRobs.

Elles s'y installèrent en compagnie du major Liet, du commandant Jetson et des lieutenants Kany et Ford.

A huit heures précises, le Colonel Moore entra et commença un cours théorique sur les manœuvres d'approche et de décrochages en combat. Il enchaîna ensuite sur les tactiques de défense à deux contre trois.

A neuf heures, l'équipe verte put mettre en pratique ces cours lors d'un vol en FlyRob.

Après trois-quart d'heure de vol, ils durent revenir à la base pour le cours suivant.



Le FlyRob est une merveilleuse machine…
Mais il n'est pas aussi facile de bien s'en servir que ce que l'on peut penser.

C'est pour cela que vous devez beaucoup vous entraîner.

Le FlyRob doit devenir une extension de votre propre corps.

Il doit être comme une seconde peau.

Vous devrez toujours vous souvenir…



Capitaine Christine Fournier.

Chef mécanicienne des FlyRobs





- … Que piloter cet engin est une chose incomparable au pilotage d'un chasseur classique, qu'il soit atmosphérique ou spatial, acheva le capitaine Fournier. Dès demain, nous aborderons la mécanique du FlyRob pour que vous puissiez mieux le comprendre et être capable d'en réparer les pannes les plus courantes, si, par hasard, vous vous retrouvez coincés en zone ennemie. Pour aujourd'hui, nous allons aller voir vos FlyRobs pour procéder à de nouveaux réglages. Comme vous avez dû le remarquer ce matin, nous avons équipé, cette nuit, vos appareils de nouveaux fauteuils. Nous allons donc nous rendre aux hangars pour procéder à leurs réglages définitifs.

Les pilotes se levèrent, pour suivre le Capitaine Fournier. Ils avaient tous remarqué ces sièges, plus confortables mais aux formes étranges.

Arrivés aux hangars, ils remarquèrent que leurs six FlyRobs (l'équipe Rouge était en vol) les attendaient, installés chacun à côté d'une haute structure métallique. Six autre structures du même type attendaient l'équipe Rouge. Deux de ces douze structures étaient plus hautes encore que les autres. Le S-FlyRob d'Astrée était placé près de l'une d'elles.

- Bien, reprit le capitaine Fournier. Vous avez déjà tous piloté cet appareil. Qu'en pensez-vous?

- Son module de pilotage par la pensée est assez extraordinaire, répondit le commandant Jetson. On gagne beaucoup de temps lors de la sélection et du déclenchement des armes, ainsi que dans les manœuvres d'évitement.

- Ses lignes sont archaïques et un peu lourdes, mais il se manœuvre bien, ajouta le major Liet.

- Ses systèmes de repérage et d'accrochage sont extrêmement efficaces, conclu le lieutenant Ford.

- Bien, vous avez parfaitement résumé ses principales caractéristiques de combat aérien, reprit Christine. Mais en fait, l'équipe de Monsieur Tit'lie n'a pas conçu le FlyRob pour le combat aérien qui n'est que sa seconde utilisation. En effet, le FlyRob est avant tout un engin de combat en milieu urbain…

- Quoi!, l'interrompit le major Liet. Vous voulez qu'on manœuvre un engin pareil dans une ville?

- Bien sûr, puisqu'il est fait pour cela. Sous sa seconde forme, bien entendu.

Christine Fournier sortit un communicateur de sa poche.

- Allez-y, fit-elle dans l'appareil.

- Nous allons donc procéder aux réglages qui vous permettrons d'utiliser vos FlyRobs sous cette forme.

Des bruits étranges se firent entendre. Les FlyRobs semblaient trembler. De puissants vérins magnétiques et hydrauliques se mirent en mouvement et ces fantastiques appareils perdirent leurs lignes dans une impression de flou. Les FlyRobs se déplièrent, leurs cockpits se verticalisèrent en s'inclinant vers l'avant. Leurs ailes se replièrent dans le dos. Les FlyRobs avaient maintenant une forme humanoïde : ils étaient devenus de gigantesques robots.

Tous les pilotes avaient l'air ébahis.

Astrée devina que Liet fulminait de colère.

Il était fort contrarié. Il en voulait à Suly de lui avoir caché la véritable nature du FlyRob et se promettait bien de lui en parler à la première occasion.

Le déploiement des FlyRobs était terminé.

- Messieurs, Mesdemoiselles, reprit le Capitaine Fournier, veuillez rejoindre votre FlyRob et laissez-vous guider par le technicien qui vous y attend.

Astrée se rendit auprès de son FlyRob. Personne ne l'y attendait. Elle allait appeler quand elle s'aperçut que le Capitaine Fournier l'avait suivie.

- A nous deux, fit cette dernière. Suivez moi.

Elle appuya sur un bouton placé sur le côté gauche de la structure métallique qui flanquait le FlyRob d'Astrée.

Une porte s'ouvrit. Elle y pénétra suivit par Astrée.

La porte se referma et le monte-charges commença à s'élever.

- A partir de votre prochain vol, vous devrez passer cette combinaison.

Elle passa à Astrée un paquet de vêtements et un casque qui étaient posés dans l'ascenseur.

- Elle porte votre nom, Capitaine Astrée d'Elonia.

- Merci, Capitaine.

L-ascenseur arriva au sommet de la tour et s'ouvrit sur une passerelle qui s'avança jusqu'au cockpit du FlyRob.

Celui-ci s'ouvrit lorsqu'Astrée appuya sur la plaque de déverrouillage.

- Vous allez avoir un peu de mal à vous installer, dit Christine. Normalement, on s'installe en position avion du FlyRob, mais il est préférable de régler l'exosquelette en position robot. Vous voyez, le siège s'est déplié pour former cette structure. Glissez-vous dedans.

Astrée pénétra dans le cockpit. Le plancher en était devenu l'arrière et le siège était effectivement déplié et fixé à une structure sur pivots. Elle comprit de suite qu'il fallait s'appuyer sur le siège et insérer les pieds dans des étriers qui se trouvaient quelques centimètres au dessus du plancher. Elle s'installa.

- Bien, maintenant, placez vos mains dans les gants sensitifs.

Astrée essaya d'enfiler ces gants mais les bras auxquels ils étaient fixés étaient un peu trop hauts. Sa position était inconfortable.

Le capitaine Fournier s'introduisit à son tour dans le cockpit et ajusta le mécanisme. Elle abaissa alors un arceau de protection sur les épaules d'Astrée.

- Il ne vous gêne pas?

- Il ne me touche pas les épaules.

- Voyons-voir… Oui, je vais le baisser un peu. Voilà. Cela vous semble mieux?

- Oui, cela à l'air parfait.

- Bien.

Christine régla les ceintures du harnais ainsi que des capteur près de la tête d'Astrée.

- Essayez de bouger.

Astrée leva les bras, tourna la tête, bougea ses jambes, tourna sur son buste : tous les mouvements avaient l'air possibles.

- Parfait. Je sors, fit Christine. Mettez votre casque et démarrez le FlyRob. Donnez lui alors la commande Forme-A-Oui.

Elle sortit, fit passer son casque à Astrée et rejoignit l'ascenseur.

Astrée coiffa le casque.

- Départ-Systèmes.

- Bienvenue Capitaine Astrée. Forme R détectée, fit la voix de l'ordinateur de bord.

- Forme-A-Oui, pensa Astrée.

Elle sentit le FlyRob vibrer. Il commença à se replier et le cockpit bascula en arrière pour reprendre une position horizontale. Astrée, quant à elle, perçu le mouvement mais il ne lui sembla pas bouger. Le système de pivots qui maintenait le siège faisait qu'Astrée ne bougeait pas par rapport au cockpit. A la fin de l'opération, le siège se replia, les étriers soutenant ses pieds s'écartèrent et le mouvement des bras auxquels étaient fixés les gants l'obligèrent à en désengager ses mains (assez facilement d'ailleurs).

Astrée se retrouva assise dans le cockpit habituel du FlyRob.

- Arrêt Systèmes, pensa-t-elle, avant de sortir de son FlyRob.

Elle s'aperçu qu'elle était la dernière à terminer l'opération : le major Liet parlait à ses hommes.

Comme il restait un quart d'heure avant leur vol, le Capitaine Fournier en profita pour leur expliquer les différentes formes que pouvait prendre le FlyRob.

- Vos FlyRobs sont, comme vous venez de le découvrir, des engins polymorphes. En fait ils peuvent prendre trois formes différentes : une forme de type avion, celle que vous avez l'habitude d'utiliser, une forme « robot » et une forme intermédiaire. Sous cette forme, les jambes du robot sont mi-dépliées sous l'appareil, les bras sont désengagés mais la cabine est toujours horizontales et les réacteurs principaux sont utilisables, contrairement à la forme robot.

Vous pouvez utiliser cette forme pour vous déplacer plus rapidement dans les villes mais elle est beaucoup moins efficace pour le combat que la forme robotique. La portance est aussi moins bonne et la résistance à l'air plus grande que sous la forme avionique, ce qui vous empêchera de voler en altitude et très rapidement.

A ce moment, un vrombissement presque assourdissant se fit entendre: les FlyRobs de l'équipe Rouge revenaient aux hangars.

- Bien, reprit le Capitaine Fournier. Je vous laisse, je dois m'occuper des autres. Bon vol!

Elle s'éloigna vers la salle de cours.

Les FlyRobs de l'équipe Rouge se posèrent. Suly et ses coéquipiers descendirent de leur appareils.

Le major Liet se dépêcha de rejoindre Suly.

- Général Gill, puis-je vous parler en particulier?

- Bien sûr, mais pas plus de cinq minutes, s'il vous plaît.

Ils disparurent dans un bureau.

Quand il sortit, le major Liet semblait soulagé.

- Allez, les enfants, on y va.

Astrée et les autres pilotes avaient revêtus leur combinaisons de vol. le major passa la sienne rapidement.

- Vous utiliserez le canal 9 pour cette mission. Je vous donnerai les instructions suivantes en vol… Tous à vos appareils ! Décollage immédiat !

Astrée, après un sourire à Eliwin, gagna son FlyRob et s'y installa à nouveau.

- Départ-Systèmes. Contrôles Armes-Oui. Radio-On Canal-19. Radar-On.

Elle décolla rapidement, suivant de près le commandant Jetson. Lorsque toute l'équipe verte eu décollé, la voix de major Liet se fit entendre sur le canal 9.

- Nous allons nous entraîner dans le secteur A18V. Entrez ces coordonnées dans vos O.V. : il s'agit d'une ville de surface reconstituée pour nos entraînement. La mission est simple : vous y passerez en forme R et vous essayez tous les mouvements possibles de votre engin pour en étudier le comportement.

Ils arrivèrent rapidement au point de rendez-vous.

- Réduisez votre vitesse au minimum, passez en forme intermédiaire, réduisez encore votre vitesse et passez ensuite en forme robotique. Au top dans cinq secondes… Go!

Astrée réduisit sa vitesse jusqu'au minimum autorisé.

- Forme-I.

Le FlyRob trembla un peu lorsqu'il se déplia. L'exosquelette commença à se former autour d'astrée : les repose-pieds se reformèrent, les bras se déployèrent, invitants Astrée à enfiler ses mains dans les gants sensitifs.

- Elle réduisit alors la vitesse jusqu'à vingt kilomètres heures et engagea la procédure suivante.

- Forme-R.

Le robot acheva de se déployer rapidement. Le cockpit plongea vers l'avant. L'exosquelette acheva de se mettre en place, le siège se déplia et l'arceau de sécurité se rabattit sur les épaules d'Astrée.

Le FlyRob fit une embardée et chuta lourdement sur le sol.

Heureusement pour Astrée, sa vitesse était faible et le FlyRob ne tomba pas de haut. Elle voulut relever son appareil mais ne sut pas comment s'y prendre.

- Alors, fit la voix du major Liet. On tombe? Vous êtes-bien la seule! Relevez-vous!

Le major ricana.

Astrée, malgré tous ses efforts ne comprenait pas comment relever son FlyRob. Pourtant, elle pouvait voir les jambes de deux autres robots, bien debout, eux.

- Je savais que vous n'étiez pas à la hauteur, reprit la voix du major. Débrouillez-vous comme vous voulez mais relevez vous.

- Mais, major, fit la voix d'Eliwin. Astrée n'était…

- Taisez-vous, lieutenant Eliwin! Procédez aux exercices prévus. Puisque le Capitaine est si fort, elle devrait s'en sortir sans votre aide!

Le FlyRob d'Eliwin se mit en mouvement, s'éloignant d'un pas lent.

- Astrée… Astrée?

Astrée sentit l'esprit d'Eliwin chercher le sien.

- Eliwin?

- Oui… Prends le contrôle total du FlyRob, ça ira de suite mieux! Le major nous a parlé de ça avant que tu nous rejoigne… On ne peut commander le mode robot qu'en prenant le contrôle total. Je suis sûr qu'il savait que tu n'était pas au courant! Il est mauvais!

- Non, je ne crois pas… Par contre, il ne m'aime vraiment pas! Merci du renseignement.

Astrée sentit l'esprit d'Eliwin s'éloigner du sien. Eliwin avait réellement l'air en colère contre le major Liet.

- Contrôle-FlyRob-Oui, pensa Astrée.

Son exosquelette se mit à bouger et Astrée se retrouva dans la même position que son appareil, allongée, une jambe repliée et un bras tordu vers l'arrière. Elle vit le mouvement de se relever et, lorsqu'elle se fut redressée, elle remarqua que son FlyRob avait effectué le même mouvement qu'elle : il était maintenant bien droit sur ses jambes.

Elle tourna la tête à la recherche des autres FlyRob. Elle les vit tout autour d'elle. Mais ils lui semblèrent petits. En effet, s'il mesuraient dix huit mètres de haut, le sien culminait à trente mètres et paraissait bien plus imposant.

- Et bien, elle y est finalement arrivée, fit la voix du major Liet sur le canal neuf.

Les pilotes essayaient leur appareils en marchant tout d'abord.

Astrée se décida à faire de même.

Le Robot suivait tous ses mouvements et, lorsqu'elle fit un pas avant, puis un autre, le robot avança.

Elle commença par marcher en ligne droite, puis décrivit une courbe. Le robot suivait inlassablement le mouvement qu'elle lui imposait par l'intermédiaire de son exosquelette. Le contrôle des armes, lui était toujours fait par la pensée.

Elle fit le mouvement de sauter en avant, et son robot fit un bond impressionnant. Il était allé beaucoup plus loin qu'elle ne l'avait prévu et manqua de s'écraser contre un des immeuble de la ville. Heureusement, personne ne l'avait vue faire : elle aurait eu du mal à supporter une nouvelle humiliation.

L'exosquelette permettait tous les mouvements et se révélait un système efficace. Le robot répondait correctement au moindre des gestes d'Astrée. Ses mains étaient fiables, ses doits bougeait correctement et Astrée constata qu'elle pouvait doser facilement la pression qu'ils exerçaient : plus ses mouvement à elles étaient exécutés avec force et rapidité, plus ceux du robots l'étaient aussi.

Peu avant la fin de l'heure d'entraînement, elle repassa en forme intermédiaire et essaya de voler entre les immeubles.

Au début elle ne se déplaça qu'à trente ou quarante kilomètres heure mais, en quelques minutes, elle appris à voler à près de cent soixante kilomètres heure. Dans cette formes, les jambes étaient immobiles, mais les bras du robot pouvaient bouger.

A ce moment, elle avisa le FlyRob du major Liet et ne put s'empêcher de le frôler à près de deux cent kilomètres heures. Le FlyRob du major fut déséquilibré par le courant d'air créé et chuta.

- Sans rancune, Major, fit Astrée au travers d'un canal neuf encombré de rires.

Le major ne fit aucune réplique et se contenta d'ordonner le retour.

Très contente de son FlyRob, Astrée accepta cet ordre le cœur léger.

Lorsqu'ils arrivèrent à la base, les pilotes de l'équipe Rouge les attendaient pour aller au mess. Ils échangèrent peu de paroles avant de s'installer à table mais la conversation démarra en même temps que les coups de fourchettes.

- Alors, fit Suly comment avez-vous trouvé ce nouvel aspect de votre FlyRob?

- Extraordinaire, répondit Eliwin. Il est vraiment maniable! Le Capitaine Fournier nous a dit qu'il devait « devenir une extension de nous », mais cela va être facile : c'est comme une seconde peau.

- Oui, mais beaucoup plus grande et forte, ajouta Bob Kany.

- Vous pourrez l'apprécier encore plus cet après-midi, en situation de combat, reprit Suly.

- Pouvons-nous nous joindre à vous, fit une voix.

Celendil et Brimbo, à qui appartenait cette voix, se tenaient près de la table.

- Bien sûr, répondit Suly.

- Qu'avez-vous fait ce matin?, interrogea Solia.

- Et bien voilà, répondit Brimbo en s'asseyant. Après le petit déjeuner de six heure trente… Ah oui, on nous a d'abord réveillés à six heures...



Les commandos doivent pouvoir agir en toutes circonstances : assaut d’une base terrestre, capture d’un officier ennemi, destruction d’une base…

Nous devons agir partout, et dans toutes les conditions.



Colonel Brett Mac’Insh.



- Lieutenant, Lieutenant, réveillez-vous, fit une voix.

On tambourinait à la porte de Celendil.

- Que se passe-t-il?

- Changement de programme. Vous avez rendez-vous au mess dans trente minutes.

Celendil regarda sa montre. Il était six heure du matin. Il fit une rapide toilette, s'habilla et se rendit au mess.

Il n'était absolument pas fatigué, contrairement aux gens qu'il voyait. Ses quelques heures de méditation au cours de la nuit l'avait parfaitement reposé.

Brimbo, lui avait l'air encore ensommeillé et Celendil lui trouva la mine grincheuse des nains réveillés avant d'avoir dormi de tout leur saoul.

Ils prirent ensemble leur petit-déjeuner au mess des soldats, le mess des officiers n'étant pas encore ouvert.

Vers la fin du repas, le colonel Mac'Insh se leva et demanda le silence.

- Soldats et Officiers, aujourd'hui nous allons commencer notre véritable entraînement. Vous avez tous eu l'occasion de tester notre matériel, pendant les cinq jours que nous avons passé ensemble depuis la création de cette unité. Vous vous êtes détendus, vous êtes en forme… Nous allons donc passer aux choses sérieuses! Il y aura de la théorie, même si je sais que vous n'aimez pas ça, mais elle pourra peut-être vous aider le jour où vous en aurez vraiment besoin. Il y aura aussi beaucoup de manœuvres et d'entraînements au combat. Nous organisons, aussi, des cours d'escrime ou d'archerie à la fin de chaque journée : j'encourage vivement chacun d'entre-vous à s'inscrire dans l'une ou l'autre de ces disciplines excellentes pour le entretenir le moral et la forme physique. Je pense vous avoir tout dit. Les horaires des différents cours et entraînement seront affichés dans un instant à l'entrée du mess. Certains jours nous effectuerons des manœuvres plus importantes et les horaires seront donc modifiés en conséquence. Merci de votre attention et bonne fin de repas.

Le colonel se rassit et finit rapidement les restes de son petit-déjeuner.

Quelques minutes plus tard, Celendil et Brimbo quittèrent le mess baigné dans le murmure insistant des soldats qui commentaient les nouvelles consignes. Après un rapide coup d'œil sur les nouveaux emplois du temps, ils se rendirent dans une grande salle. Ils étaient environ cent trente hommes et femmes à s'y être installé quand le major Tomasc Bilanski y entra. Il leur présenta un cours sur la théorie du pilotage des blindés et leur utilisation tactique.

Ils étudièrent ensuite les méthodes du commando et, plus spécifiquement, l'utilisation des explosifs avec le sergent Loï Van-Truong et le Lieutenant Sophie Puech. Ils pilotèrent ensuite des blindés de type AssaultGun et HardRunner II. Les hommes rechignaient un peu devant les AssaultGuns car l'unité attendait, avec impatience, la livraison de trente chars d'assaut KMX-50, dernière merveille de la technologie. Personne ne savait encore à quoi ils pouvaient ressembler, mais on les disaient conçus par l'équipe de Max Tit'lie.

Ils finirent la matinée en apprenant des techniques de survie en milieu hostile et en milieu urbain avec le colonel Mac'Insh.



- Comme tu le vois, fit Brimbo, nous avons eu une matinée passionnante.

- Oui, répondit Eliwin, mais je crois que la notre la fut bien plus encore.

- Celendil, demanda Astrée, leur techniques de combat te semblent bonnes?

- Oui, bien que pas assez instinctives, peut-être. Ils théorisent toutes leurs tactiques mais la théorie n'est pas toujours applicable.

- Et vous, questionna Brimbo, qu'avez-vous fait?

Solia, aidée d'Astrée et d'Eliwin, raconta leur matinée.

- Super!, fit Brimbo. Vos appareils semblent extraordinaires!

- Oui, ils le sont vraiment, fit Suly. Mais je pense que vous devrez reprendre cette discussion plus tard : il est presque l'heure de reprendre. Allons-y…

- Bien, répondit Astrée. A ce soir vous autres, bonne après midi.

- Merci, firent Brimbo et Celendil d'une seule voix. On se voit à seize heures…

Ils s'éloignèrent.

Astrée, Eliwin et Solia rejoignirent les autres pilotes de FlyRobs.

Les douze pilotes, Suly comprise, entrèrent dans la même petite salle que le matin et, pendant une heure, ils apprirent à utiliser leur FlyRob pour le combat en milieu urbain. L'équipe Rouge du général Gill partit alors mettre en pratique ces nouvelles connaissances pendant que l'équipe Verte qu major Liet resta pour suivre une heure de cours supplémentaire sur les tactiques du combat aérien.

A quinze heure, ils purent à leur tour décoller pour apprendre à utiliser leur FlyRobs en combat et ils se rendirent dans la même ville factice que le matin. Ils rentrèrent à seize heure pour la pause.

Les Sept furent tous réunis pour la première fois de la journée. Ils furent très vite rejoints par Suly.

- Je pense, fit-elle, que vous pourrez discuter entre vous ce soir… Pour l'instant, Solia à besoin de choisir ses élèves pour son cours de "psychologie".

- C'est vrai, répondit cette dernière. J'étais en train de réfléchir à ce sujet. Mais je ne sais toujours pas comment faire… Sur Elonia beaucoup de gens pratiquent la magie. La plupart le font de manière instinctive et utilisent des sorts très simples et peu puissants. D'autres ont appris à maîtriser leur don et se sont entraînés longtemps pour devenir de puissants magiciens, comme notre mentor, Galmir. Je ne suis sûre que d'une chose: pour utiliser la magie, il faut posséder un don. Celui-ci est courant sur Elonia mais sur votre planète, a ma connaissance, personne ne pratique la magie, même dans ses formes les plus simples. Le don existe-t-il ici?

- J'ai entendu, intervint Celendil, une vielle légende sur les magiciens runiques. On dit que, pour pratiquer cette magie, il fallait un don très puissant et que les maîtres d'Ifar utilisaient leur magie pour détecter le niveau du don chez les aspirants magiciens runiques.

- Tu sais comment ils faisaient, interrogea Astrée?

- Non, je n'en ai pas la moindre idée. Tout ce que je sais, c'est que ce sort donnait une aura aux gens qui était d'autant plus brillante que leur don était puissant.

- Une aura… C'est une bonne idée, mais ce n'est pas très discret…

- Oui, intervint Suly. Nous ne voulons pas que tous les hommes soient au courant du contenu des cours de "psychologie".

- Peut-être, continua Brimbo, pourrait-on créer une aura qui ne serait visible que d'une seule personne? Solia, tu ne pourrai pas faire ça?

- Non, je ne connaît aucun sort de ce type. Il existe bien un sort de détection de la magie, mais il n'est utilisable que pour détecter un sort actif, pas un don potentiel.

- Pourtant, fit Astrée qui réfléchissait intensément, je crois que je pourrai le faire. Je vois clairement l'image d'une rune…

- Moi aussi, intervint Suly.

Astrée et Suly se mirent alors à discuter entre elles. Personne ne comprenait leur discussion.

- En plaçant une Rune Source de Pouvoir, disait Astrée, on peut canaliser l'énergie magique.

- Oui, répondit Suly. Et, si on utilise aussi une Rune Racine de Pouvoir, c'est la magie environnante qui sera canalisée.

- Bien sûr, il faut utiliser une Rune Supra-Complexe. Il nous faudra une Rune Racine Humain dans la Racine Complexe pour ne canaliser que l'énergie magique provenant des humains. Et une Source Pouvoir…

- Quant à la Rune Effet, il faut la canaliser seulement vers ceux qui verront l'aura… Solia, bien entendu, toi et moi. Cela devrait suffire.

- Nous n'aurons qu'a utiliser des Runes de Divergences et trois Runes Effet d'Esprit.

- Oui, c'est ça. Je voix très bien la construction, conclu Suly.

- Je l'ai aussi, confirma Astrée. Tu sais, on pourrai la construire à deux! Cela irai plus vite et je suis sûre que cet entraînement nous sera utile… Je me charges des Runes Complexes Racine et Source, tu prends les trois Runes d'Effets?

- D'accord, cela me convient. Je vais réunir toutes les troupes. Solia les passera en revue et notera les noms de ceux qu'elle aura choisi. Nous, nous nous placerons hors de vue des hommes, dans la salle de contrôle, au second étage. Personne ne nous verra, mais nous pourrons voir tout le monde.

- Bien, on fait comme ça, décida Astrée.

- Vous avez résolu le problème, interrogea Solia.

- Oui, fit Astrée.

- Je vais réunir tous les hommes dans le hangar, poursuivit Suly. Tu vas les passer en revue. Je pense que tu verra leurs auras, s'ils en ont une. Astrée, vas en salle de contrôle et fait descendre ceux qui s'y trouvent. Les autres, suivez-moi.

Suly se rendit à son bureau et enclencha un bouton. Une sirène se mit à retentir dans tout le complexe. Elle prit un micro.

- Ici le Général Gill. Tout le personnel doit se présenter au hangar principal. Je répète, tout le personnel doit se présenter au hangar principal. Je vais personnellement m'adresser à vous tous.

Elle reposa le micro et interrompit la sirène. Suivie par les jeunes gens, elle se rendit alors aux hangars.

Soldats et officiers arrivaient en courant et se plaçaient spontanément en rangs bien formés.

- Mettez-vous sur un seul rang, tout à droite, fit Suly aux jeunes gens. Solia, restes avec moi.

Ils obéirent aussitôt.

Suly attendit deux minutes les retardataires. Les soldats se murmuraient entre eux que peut-être l'ordre de mobilisation était arrivé et qu'ils allaient partir bientôt.

- Officiers, Soldats. Il est seize heure quinze. Vous avez tous remarqué, sur les emplois du temps affichés ce matin, que trois cours optionnels auront lieu de seize heure trente à dix sept heure trente. Dire que ces cours sont optionnels, cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas y aller. Les cours d'escrime ou d'archerie sont importants. Je pense même qu'ils vous seront aussi utiles apprendre à utiliser un pistolaser. Le cours d'escrime aura lieu sous la direction des Lieutenant Astor et Eliwin d'Elonia, ici présents, en salle de Gymnastique. Le cours d'archerie aura lieu dans le hangar numéro quatre sous la direction des Lieutenants Celendil d'Elonia et Smith.

Suly marqua une courte pause.

- Je souhaite vous voir nombreux à ces cours. Mais, auparavant, le Lieutenant Solia d'Elonia qui se trouve à mes côtés va vous passer en revue. Ceux qu'elle désignera seront obligatoirement affectés au cours de psychologie. Pour eux ce cours ne sera pas optionnel… Et il n'y aura pas beaucoup de participants. Quand le Lieutenant Solia vous libérera, vous pourrez soit vous rendre aux cours d'escrime et d'archerie, soit aller vous reposer. Merci de votre attention. Lieutenant Solia, ils sont à vous.

Suly s'éclipsa rapidement pour rejoindre Astrée pendant que Solia passait les troupes en revue.

- Me voilà, fit Suly en retrouvant Astrée. Allons-y, nous avons peu de temps.

Elles prirent une respiration et se mirent à décrire et à prononcer les Runes. Leur construction grandissait rapidement. Les signes de Suly étaient verts et ceux d'Astrée bleus.

Au terme de leur étrange danse, Astrée plaça une dernière rune qui fit jonction avec la construction de Suly. Toutes les Runes virèrent au jaune avant de s'effacer.

- Nous avons réussi, fit Suly?

- Oh oui, répondit Astrée qui regardait par la vitre. J'espère que Solia voit ça!

- Je l'ai bien incluse dans la Rune… Elle doit le voir.

Vue par les yeux d'Astrée et Suly, Solia Brillait de milles feux. Plusieurs silhouettes, environ une dizaine, brillaient intensément dans les rangs des hommes et femmes d'X-Force bien qu'aucune n'ait l'intensité éclatante de Solia.

- Comme elle brille, fit Astrée… Toi aussi d'ailleurs, ajouta-t-elle en regardant Suly.

- Tu ne t'es pas vue! Tu m'éblouis et j'ai réellement du mal à te regarde en face. Viens, rejoignons Solia.

Elles redescendirent vers les hangars.



Solia passait lentement devant les soldats. Elle essayait de rester calme. Mais rien ne se passait. Pas la moindre lueur… Elle commençait à se sentir gênée. Elle se préparait à libérer tout le monde quand une lueur attira son œil. Elle tourna un peu la tête. Plusieurs des soldats devant elles s'étaient illuminées. Astrée et Suly avaient réussi. Elle se tourna rapidement vers la salle de contrôle et vit deux grandes flammes dorées qui dansaient derrière la fenêtre. Faisant à nouveau face aux troupes d'X-Force, elle vit que Celendil et Brimbo brillaient très fortement. Eliwin, Astor et Frison possédaient, eux aussi, une aura mais bien moins forte. Parmi les terriens, une dizaines possédaient une forte aura et une vingtaine une aura plus faible.

Les auras étaient dorées, sauf dans deux cas. L'une, celle du major Liet, était d'un doré presque rouge tandis que l'autre, celle du Caporal Lise Alson; était clairement bleue.

Elle désigna d'abord les huit auras dorées les plus fortes. Il y avait le capitaine Aster et le Lieutenant Anderson des forces aériennes et spatiales, le capitaine Lusse, pilote de FlyRob, le lieutenant Puech et le sergent Van-Truong des Forces terrestres, le sergent Morisson, le sergent Benyamin et le capitaine M'Bala, techniciens.

Astrée et Suly regagnèrent le hangar à ce moment là.

- Astrée, pensa Solia, tu m'entends?

- Oui, Solia. Qu'y a-t-il?

- Tu as vu les auras du Major Liet et de cette infirmière, le Caporal Lisa Alson?

- Oui, elles sont puissantes mais leurs couleurs sont étranges...

- Celle de l'infirmière est vraiment différente, mais celle de Liet ressemble un peu à la tienne.

- La mienne?

- Oui, et à celle de Suly aussi. Vos aura sont dorées mais tirent sur le rouge et possèdent des reflets bleus et verts. Celle de Liet n'a pas ces reflets mais tire aussi vers le rouge.

- Tu pense qu'il pourrait avoir des aptitudes pour la magie runique?

- Je ne sais pas. Son aura est quand même bien moins forte que le tienne ou celle de Suly. Dois-je le sélectionner? Veux-tu essayer de le former?

- Je … je ne saurais pas… Tout une vie ne me suffirai pas pour lui enseigner cette magie. Prends-le… On verra plus tard.

- Tu sais, il ne croit pas en la magie… et je crois qu'ils ne nous aime pas… Il ne nous posera pas de problème?

- Nous verrons bien…

- Major Liet, annonça Solia. Vous êtes sélectionné. Caporal Alson, vous aussi.

Solia mis une coche, rapidement, sur la liste que lui avait remise Suly, des vingt trois autres soldats qui présentaient un don plus faible.

- Prends Roll, entendit Solia. C'est un peu son idée et même si son aura est moins forte, ce n'est pas la plus faible

- Lieutenant Roll, reprit Solia. Vous êtes le dernier sélectionné. Merci à tous. Vous pouvez partir…

- Rompez, annonça Suly.

Les membres de l'unité se dispersèrent rapidement. Seuls les onze sélectionnés restèrent. Le lieutenant Roll avait l'air ravi.

Bob Kany, assez déçu, décida d'aller se défouler au cours d'escrime.

 

Psychologie:

Psychologie, Escrime, archerie… Quelles drôles de matières étaient enseignées dans l'unité X-Force.

Si les cours d'escrime et d'archerie étaient plutôt classiques, si l'on omet l'utilisation d'armes archaïques, bien peu de gens savent réellement quel était le contenu des cours de Psychologie.

En effet, la véritable matière enseignée était …



Colonel Roll

Dictionnaire de la Loi et du Chaos.





Astor, le recrutement des "psychologues" terminé, se rendit au gymnase. Le capitaine Blacke l'avait précédé.

- Bonjour, Lieutenant. J'ai sorti nos fleurets… mais je ne sais pas si vous souhaiterez les utiliser…

- Je préférerai de vraies épées… En avez-vous?

- Non, malheureusement.

- Peut-être puis-je t'aider Astor, fit Astrée qui venait d'arriver. Quels types d'épées veux-tu?

- Des épées longues, comme celle d'Eliwin ou la tienne, des épées à double tranchant, comme la mienne, et quelques épées courtes…

- Pour les épées courtes et à double tranchant, pas de problème. Pour les épées longues, je vais voir ce que je peux faire… Je vais plutôt me servir de celle de Celendil : je ne pense pas pouvoir dupliquer les épées de nos armures, ajouta-t-elle mentalement.

- D'accord. Voix ce que tu peux trouver.

Astrée quitta le gymnase, réfléchissant déjà à la construction runique qui lui permettrait de dupliquer les épées.

Le gymnase se remplissait. Une trentaine d'hommes et femmes, dont le colonel Mac'Insh, et le lieutenant Kany, étaient venus suivre ce cours.

- Messieurs, Mesdames, fit Astor. En attendant que notre matériel n'arrive, j'aimerai passer un accord avec vous tous. Pendant cette heure journalière, je souhaiterai qu'il n'y ait, ici, ni soldats, ni sous-officiers, ni officiers. Ici, il ne doit y avoir que des hommes et des femmes faces à un adversaire qui lui est égal. Quelqu'un a-t-il une objection?

Un murmure se fit entendre. Le colonel Mac'Insh sourit.

- Non mon gars, fit-il. a ira pour moi!

Cela déclencha un rire général et une vague de soulagement parmi les soldats.

- Merci à tous, reprit Astor. Dans ce cours, nous utiliserons des épées faîtes pour tuer, et non des épées de sport. Je vous demande de bien suivre mes instructions… Je ne voudrai pas que vous tuiez vraiment votre adversaire…

Un rire, un peu forcé, monta dans la salle.

Astrée revint à ce moment là, accompagnée d'Eliwin. Elles portaient un lourd fardeau entouré de couvertures. Elles posèrent leur paquet sur le sol et déroulèrent la couverture. Entre le paquet d'Eliwin et celui d'Astrée, il y avait une trentaine d'épées qui jonchaient le sol.

Astrée portait une épée longue, maintenue à sa taille par une large ceinture de cuir.

Astor fit un clin d'œil à Astrée et commença à distribuer les épées.



Celendil, quant à lui, avait rejoint le lieutenant Smith dans le hangar numéro quatre. Le lieutenant s'affairait à installer quelques cibles. Il s'arrêta quand il avisa Celendil.

- Ah, Lieutenant Celendil d'Elonia. Je suis enchanté de vous rencontrer.

- Moi de même, Lieutenant Smith.

Les deux hommes se serrèrent la main.

- Le Général Gill, reprit Smith, m'a dit que vous étiez un excellent archer. Puis-je voir votre arc?

- Bien sûr, Lieutenant… si vous me promettez de m'appeler simplement Celendil, au moins pendant ces entraînements.

- D'accord, mais appelez-moi Billy.

- Merci, Billy. Voici mon arc.

Celendil sortit son arc du drap dans lequel il était enveloppé et le présenta à Billy qui l'observa attentivement.

- Vous utilisez vraiment cet arc? C'est une véritable antiquité! Vous avez gagné des compétitions avec ça?

Le lieutenant Smith avait l'air étonné set faisait une moue de dégoût.

- Des compétitions? Des concours, vous voulez dire? Non. Je n'ai jamais participer à aucun concours… Je chasse.

- Vous chassez?

Le Lieutenant Smith était incrédule.

D'autres soldats étaient arrivés pendant cette discussion et regardaient les deux hommes.

- Puis-je le tendre?

- Bien sûr.

Billy prit la corde, l'encocha à une extrémité de l'arc long et tenta de le tendre. Il fit ployer l'arc et approcha la corde de l'encoche libre. Il manquait encore dix ou douze centimètres. Pourtant il y mettait toute ses forces. Finalement il renonça.

- Désolé, je n'y arrive pas. Pouvez-vous le tendre, s'il vous plaît?

Celendil reprit son arc et, sans efforts apparents, le ploya et encocha la corde. Il la pinça; elle rendit un son clair.

- Quelle force, fit un spectateur admiratif.

Le lieutenant Smith, lui aussi, était très étonné. Cet homme à l'air si jeune et si fluet, aux drôles d'oreilles pointues, avait tendu cet arc avec tant de facilité.

- Puis-je, à mon tour, voir le vôtre, fit Celendil.

Billy, perdu dans ses pensées sursauta.

- Oui, le voici.

Il prit un arc à poulies et le passa à Celendil.

- Voilà une arme bien étrange, Billy. Quelles flèches utilisez-vous?.

Billy lui montra, fièrement, ses meilleures flèches : celles en carbone allégé qu'il utilisait en compétition.

- Vous pouvez tuer un cerf avec ça?, fit Celendil sincèrement étonné.

- Un cerf? C'est un animal? Non! Je ne chasse pas! Ces flèches servent en compétition.

- Billy, je pense que nous faisons fausse route… Voilà les flèches que nous devons utiliser!

Celendil sortit des flèches de son carquois. Elles étaient en bois durci, empennées de plumes et leur pointes étaient en acier. Certaines de pointes étaient longues et effilées, d'autres barbelées et une était en forme de croissant de lune.

- Billy, voici de vraies flèches. Celles-ci percent les armures, celles-là s' enfoncent profondément et ne peuvent être retirée sans arracher chairs et tendons. Et celle-là, sert à couper les membres. Ces flèches servent à tuer, à faire la guerre! Ce ne sont pas des flèches de "compétition".

- Mais, on ne fait plus la guerre avec ces armes depuis, depuis… des millénaires!

- Le Général Gill m'a pourtant demander de vous apprendre à vous en servir… Ne vous a-t-elle rien dit?

- Le Général m'a dit d'entraîner les hommes aux tir à l'arc avec vous! Rien de plus!

- Alors, vous devriez aller la trouver…

- Oui, vous avez raison. J'y vais!

- Ce ne sera pas nécessaire, fit une voix.

La quarantaine d'hommes et des femmes qui s'étaient attroupé autour de Celendil et de Billy, s'écartèrent pour laisser passer Suly.

- Lieutenant Smith, le Lieutenant Celendil à raison. Vous ne devez pas vous entraîner pour une compétition, mais pour la guerre! Les flèches du Lieutenant Celendil sont celles qui doivent nous servir!

- Bien mon Général!

- Avez-vous des objections, Lieutenant?

- Non, mon Général. Ou plutôt une remarque mon Général…

- Je vous écoute.

- Nos arcs ne sont pas prévus pour ce genre de flèches. J'ai bien peur que tout mon matériel soit inutilisable.

- Bien, Lieutenant, vous aurez tout ce qu'il vous faut pour demain. Dans l'immédiat, je suppose que votre matériel conviendra pour enseigner les bases de l'archerie?

- Oui, mon Général.

- Bien. J'arrive des cours d'escrime et de psychologie. Là bas, il a été décidé que, pendant cette heure "spéciale", personne n'avait de grade Tous seront égaux. Cela convient-il à tout le monde?

Une quarantaine de oui enthousiastes se firent entendre.

- Celendil, Billy, pouvons-nous commencer? Nous sommes tous impatients d'apprendre votre art…



Solia, accompagnée de Suly et de ses onze recrues, se rendit dans une petite salle qui avait été réservée aux cours de psychologie.

La salle était peu meublée : une quinzaine de chaises étaient disposées en demi-cercle autour de l'unique table.

Suly invita les onze sélectionnés à s'asseoir.

- Bien. Si vous êtes ici, ce n'est pas par hasard. Si le Lieutenant Solia d'Elonia vous a choisis, ce n'est pas par hasard… Et, bien entendu, ce n'est pas pour vos aptitudes particulières et exceptionnelles pour la psychologie.

Les onze sélectionnés sourirent ou rirent doucement.

- A partir de cet instant, vous êtes soumis au secret militaire le plus strict. Cette salle est protégée et rien de ce qui se passera ici ne doit en sortir. Vous ne devrez en parler à personne. Tout manquement sera considéré comme une trahison aggravée. Vous connaissez tous la sanction encourue dans ce cas. J'espère m'être bien faite comprendre. Vous ne devrez même pas parler de ce cours entre vous dès lors que vous serez hors de cette salle. Pour tous, vous suivez un cours de psychologie particulièrement inutile et ennuyeux… Solia, il sont à vous.

Solia prit une profonde inspiration et s'avança.

- Avant de commencer, j'aimerai que lors de ce cours on oublie nos grades. Nos relations seront plus faciles ainsi. Quelqu'un est-il contre?

- Moi!, fit le major Liet en se levant.

- Major, intervint Suly. Ici, dans ce cours, Solia est votre instructrice et donc votre supérieure, même si ce n'est que temporaire. Sa demande me paraît raisonnable.

- Mais, mon Général…

- Êtes-vous contre?

- Non mon Général, répondit Liet à contre cœur.

- Bien. Je vous les laisse Solia. A tout à l'heure.

Suly sortit.

- Pour ceux qui ne me connaissent pas, reprit Solia, je me nomme Solia. J'aimerai que vous m'appeliez par ce nom. Comme vous le savez maintenant, vous n'êtes pas ici pour étudier la psychologie. Et vous devez vous demander ce que nous faisons là…

- Pour ça oui, marmonna Liet.

- Le Général Gill m'a demandé de vous apprendre les bases de la magie.

- Ah! Encore, explosa le major Liet en se levant de nouveau. Vous y tenez!

- Major, calmez-vous, je vous en prie…

- Mais je suis Calme! Je ne veux seulement plus vous entendre raconter des menso…

La voix du major s'éteignit brusquement. Sa bouche continuait à articuler des mots, mais aucun son n'en sortait.

- Excusez-moi Major, je suis désolée d'en arriver là.

Liet prit sa gorge entre ses mains, essayant de comprendre pourquoi aucun son ne sortait plus de sa bouche.

Solia s'avança vers lui et demanda au capitaine Lusse et au Lieutenant Roll qu'elle connaissait de faire asseoir le major. Celui-ci, choqué, n'offrit aucune résistance.

- Major Liet, vous êtes sous l'effet d'un sort de silence. Je peux le lever si vous me permettez de vous calmer et de m'écouter.

Le major, vaincu, hocha la tête. Solia prononça quelques mots.

-Bien Major, Vous pouvez parler de nouveau. Mais laissez moi le faire d'abord… Reprenons. Je suis ici pour vous apprendre la magie. Pas ce vous appelez "magie" dans ce monde et qui n'est que trucage et manipulations, mais la vraie Magie, comme celle qui permet de réduire au silence un certain major… Excusez-moi, major, mais vous admettrez que vous l'aviez cherché. Vous avez tous le don de magie. Vous pouvez tous l'apprendre. Je n'ai encore jamais enseigné la magie, mais je vais tout faire pour vous en apprendre le plus possible. Ce sera sûrement long et difficile et je vous demande d'être patients avec moi et de me faire confiance. J'aimerai, pour aujourd'hui que nous commencions par apprendre à nous connaître. Cela nous aidera à établir cette relation de confiance. Présentez vous, s'il vous plaît.

Les onze sélectionnés se présentèrent à tour de rôle, même le récalcitrant major Liet qui semblait maintenant déterminé à faire preuve d'humilité.

- Je vous remercie, reprit Solia. Pour aujourd'hui, nous n'avons plus beaucoup de temps, aussi, je vais me contenter de vous exposer mon programme… Pour pratiquer la magie, la première chose à apprendre, c'est à se concentrer. Il ne faut laisser aucun élément extérieur vous perturber pendant que vous incantez un sort. Nous allons donc commencer par des exercices de concentration. Puis nous verront comment lancer un sort simple. Les incantations que je connais sont dans des langues qui vous sont étrangères. Si je ne parviens pas à les adapter et à les lancer dans votre langue, vous serez obligés de les apprendre dans leur langues originales ce qui ajoutera une difficulté supplémentaire. La magie dépend beaucoup de la volonté. Vous devez être persuadés de réussir sous peine d'échouer. Enfin, la magie est liée à la notion de contrôle. L'énergie magique libérée par un sort non ou mal contrôlé peut vous être fatale!… Bon, mettons nous au travail. Premier exercice de concentration...


A dix-sept heures trente-cinq, Solia fut rejointe par Eliwin et Astrée, toutes deux en nage : le cours du colonel Moore sur les techniques de survie en milieu hostile allaient commencer.

- Qu'avez vous fait, interrogea Solia? Elle souriait en voyant ses amies : elles avaient l'air d'avoir couru un marathon.

- Nous étions au cours d'escrime, répondit Astrée. Eliwin et Astor sont formidables : personne n'était à leur hauteur.

- Tu ne te défends pas si mal, fit Eliwin. Tu ne me fera jamais croire que tu n'avais jamais combattu avant…

- Et pourtant… Et toi, Solia, comment s'est passé ton cours?

- Mis à part un bref esclandre du major Liet, je pense que cela s'est plutôt bien passé. Nous verrons la suite…

Elles s'étaient installé dans la petite salle. Tout les pilotes de FlyRobs étaient là.

Le colonel Moore commença à parler, donnant une explication intéressante et complète sur les systèmes de survie du FlyRob.

- La prochaine fois, nous parlerons des systèmes planétaires, notamment ceux du secteur d'Orion dans lequel nous opérerons prochainement. Merci de votre attention et bon appétit.


Astrée, Solia et Eliwin rejoignirent Celendil et Brimbo devant le mess des officiers.

- Nous pourrions attendre Astor et Frison pour manger, proposa Brimbo.

- Bonne idée, répondit Astrée. Que faisais-tu pendant la pause? Du tir à l'arc?

- Oh non, c'est une arme bonne pour les Elfes ça, sans vouloir vexer Celendil et Eliwin. Non, je ne suis pas taillé pour le tir à l'arc… L'arc de Celendil est aussi grand que moi! Et je n'aime pas les épées non plus! Et, comme je me voyais mal arriver avec hache et marteau de guerre au cours d'Astor, je suis resté dans ma chambre pour m'entraîner. Frison aussi d'ailleurs : je l'ai entendu ronfler!

- Votre après-midi à été bonne, interrogea Eliwin?

- Oui, répondit Celendil. On a piloté les blindés et on a même appris à les réparer… Enfin, la base… Brimbo à ensuite pu montre à nos collègues que petit ne rime pas avec faible : plus personne ne veut lutter avec lui!

- Et le cours d'archerie, demanda Solia?

- Suly est venue y participer. Heureusement! J'ai cru que le Lieutenant Smith allait se trouvé mal quand je lui ai montré mas flèches. Il pensait que nous allions nous entraîner pour une compétition, un concours… Mais il a l'air sympathique et il tire très bien. Je pense que nous nous entendrons bien. Par ailleurs, Suly m'a indiqué qu'elle suivrait les cours d'escrime dès demain : son armure possède la même épée longue que la tienne, Astrée, mais elle ne sait pas s'en servir…

Astor et Frison arrivèrent enfin.

- Oh là là, fit Frison. Je meurs de faim! Cette journée a été bien longue et fatigante…

- Tu as pourtant fait la sieste, lança Eliwin!

- Euh…, répondit Frison en lançant un regard noir vers Brimbo. Pas vraiment… Je n'ai pas réussi à dormir plus de cinq minutes…

- D'accord, répliqua Eliwin. Tu sais, on ne t'en veut pas! Bon, allons manger!

Le repas fut assez silencieux, tout le monde étant fatigué et affamé.

- Suly, fit Astrée en repoussant son assiette, m'a demandé de lui présenter un rapport sur cette journées. Elle veut aussi que je la tienne au courant de nos trois "ateliers", et cela quotidiennement! Elle m'attends dans son bureau à vingt heure. C'est presque l'heure… Si je ne vous revoie pas, bonne nuit à tous.

Les "bonne nuit" en réponse fusèrent.

Astrée se leva et sortit du mess.

- Excusez-moi, Capitaine. Puis-je vous parler?

Astrée, étonnée se retourna. Bob Kany se tenait près d'elle.

- Pourrais-je vous parler un instant?

- Bien sur, Lieutenant, mais un peu plus tard si vous le voulez bien. Je dois me présenter au rapport immédiatement.

- Bien, lieutenant. Peut-être puis-je vous attendre dans la salle où nous avons eu cours ce matin?

- C'est d'accord. Je vous y rejoint dès que possible.

Astrée reprit son chemin et arriva bientôt devant le bureau de Suly. Le sergent-secrétaire de Suly était là.

- Le Général Gill vous attends, mon Capitaine. Vous pouvez entrer.

La porte s'ouvrit sans bruit. Astrée pénétra dans le bureau, la porte se refermant aussitôt derrière elle.

- Ah, te voilà. J'espère que tous va bien pour vous tous… Au fait, j'ai compris comment tu a trouvé toutes ces épées pour Astor et Eliwin. La Rune n'est pas si compliquée…

Elle eu un petit rire.

- Non, tu as raison, elle est même assez simple. J'ai crée deux Runes aujourd'hui… En fait, cela me semble si simple! Mais en réfléchissant à ces constructions, je me suis aperçue qu'elles étaient très compliquées. Je serais bien incapable d'expliquer le processus de pensée qui m'a permis d'arriver à construire ces Runes.

- Je ressent la même chose… Ces armures magiques sont vraiment puissantes…

- Oh oui! Et pourtant, quelque chose me surprend, me gêne même. Toi et moi, nous avons assimilé si vite, presque instantanément la magie runique. Pourtant, il a fallu plusieurs jours à Solia pour assimiler sa magie… Je trouve cela très étrange… Enfin, quoi qu'il en soit, je suis venue pour te présenter mon rapport.

- Bien. Mais, avant de commencer, j'aimerai te demander de dupliquer l'arc et les flèches de Celendil pour le cours d'archerie de demain.

- Si tu veux… mais pourquoi tu ne le ferais pas toi-même. C'est un bon exercice…

- Tu as raison. J'irai voir Celendil, tout à l'heure…

Astrée raconta alors à Suly sa journée et celle de ses amis.

- En fait, tout à l'air de bien se passer… Seul Liet a fait des histoires?

- Oui. J'espère que cela va lui passer! Même Solia a un peu perdu son sang froid ce soir. Tu te rends compte? Elle lui a jeté un sort de Silence!

- Oh, je vois très bien! Un Liet silencieux… Oh, quel rêve!

- D'après Solia, il a été très calme après ça et même consciencieux. Elle est presque sûre qu'il étudie sérieusement pour pouvoir lui rendre la pareille.

- Tu penses que c'est ce qu'il veut?

- Je n'en sait rien. Mais c'est une bonne motivation et, de toutes manières, il n'aura jamais le niveau nécessaire pour attaquer sérieusement Solia.

- Avez-vous trouvé une explication à l'aura rouge de Liet et à la bleue d'Alson?

- Non, pas encore. Nous y verrons sûrement plus clair à ce sujet dans quelques jours.

- Bon, je pense en savoir assez. Je vais donc te libérer. Bonne nuit Astrée. A demain.

- Bonne nuit, répondit Astrée en sortant.

Elle salua le sergent et se hâta de rejoindre Kany. Il l'accueillit joyeusement.

- Ah, Capitaine. Merci d'être venue.

- Ce n'est rien, Lieutenant. Mais je me sentirais plus à l'aise si vous consentiez à m'appeler Astrée.

- C'est d'accord pour moi, si vous m'appelez Bob.

- On est d'accord, Bob. Que vouliez-vous me demander?

- Je sais que je ne devrai pas en parler, que je devrai faire comme si je ne savais rien, mais…

- Vous voulez savoir pourquoi vous n'avez pas été sélectionner pour le cours de psychologie?

- Oui, c'est ça… Comment le savez-vous?

- Bob, je suis, moi aussi, un peu magicienne… Puis-je être franche avec vous?

- Bien sûr…

- Vous n'avez aucun don pour la magie. Pour pratiquer la magie, il faut être né avec une sorte de don, de potentiel, et vous, vous ne l'avez pas.

- Oh…

Kany avait l'air extrêmement déçu.

- Mais, vous savez, bien peu de gens ont ce don. Regardez, sur tout le personnel d'X-Force, seules onze personnes ont été sélectionnées et quatre d'entre eux ne sont pas des combattants. Il y a même un infirmière. Ne vous inquiétez pas, vous avez vous aussi, comme chacun, un don. On m'a dit que vous étiez un expert au combat au corps à corps. Et, cet après-midi, j'ai bien vu que vous appreniez vite à vous battre avec une épée. C'est vrai, vous n'êtes pas un psychologue, vous êtes un Guerrier. Soyez-en fier. Aucune guerre n'a jamais été gagnée grâce à la seule magie. Il faut toujours des héros, des guerriers.

- Merci de votre franchise, Astrée… Puis-je vous poser une question personnelle?

- Oui, si je peux y répondre.

- Qui êtes-vous? Je veux dire, qui êtes-vous tous les sept? De quelle planète venez-vous?

- Je ne peux vous le dire… Plus tard, peut-être.

- Je comprends, mais je pense que je ne pourrai pas m'empêcher de chercher à le savoir. Tout le monde pose des questions sur vous. Vous êtes si étonnants… et si jeunes. L'âge légal pour intégrer l'armée est l'âge de la majorité, soit trente ans, comme vous le savez. La plus part des militaires ont entre trente et soixante dix ans. De toute façon la retraite est obligatoire à cent ans ce qui vous laisse encore de longues années pour faire autre chose…

- Cent ans!, l'interrompit Astrée, incrédule. De longues années encore? Mais, cent ans, c'est très vieux!

- Cent ans, vieux? Oh non, on est encore jeune à cent ans. Quand on vit deux cent cinquante ans, en moyenne bien sûr, il vous reste encore beaucoup de belle années…

- Bob, Quel âge avez-vous?

- J'ai quarante huit ans.

- Vous en faîtes vingt-cinq, tout au plus. C'est incroyable…

- Non, vous êtes flatteuse! Je fais mon âge je pense… C'est plutôt vous qui avez l'air d'avoir vingt-cinq ans.

Astrée le dévisagea, choquée. Se moquait-il? Avait-elle l'air si âgée? Elle se rendit compte, alors, que vingt-cinq ans dans un monde où les humains vivaient jusqu'à deux cent cinquante ans, c'était vraiment jeune!

Bob aussi la regardait étrangement.

- Astrée, Quel est votre âge?

- Je suis navrée Bob, répondit-elle gênée, mais je ne peux pas non plus répondre à cette question.

- Astrée, vous pouvez avoir confiance ne moi. Je sais que vous n'êtes pas dans cette unité par hasard. Même si vous n'avez pas l'âge légal, je ne vous dénoncerai pas.

Astrée se rendit facilement compte que le lieutenant Kany était sincère mais elle doutait encore.

- Bob, sur ma planète, nous vivons moins longtemps… l'âge ne signifie pas la même chose…

- Alors j'avais raison. Vous avez moins de trente ans!

- Oui. Mais promettez-moi de n'en parler à personne. Jurez-le moi!

- Je vous le jure sur mon honneur, Astrée. Cela restera notre secret. Mais, maintenant, vous pouvez me dire votre âge… C'est vingt-six ans, n'est-ce pas?

Bob était maintenant enjoué.

- Bob, répondit Astrée en souriant, vous allez finir par me vexer. Il ne faut jamais vieillir une jeune femme, vous savez? Et vous, vous l'avez fait par deux fois.

Kany blêmit en réalisant qu'Astrée avait moins de vingt-cinq ans.

- Bob, j'ai seize ans.

Cette phrase résonna dans l'esprit de Kany. Seize ans. SEIZE ANS! Une enfant! Ses pensées étaient confuses.

Astrée profita de ce trouble pour implanter un verrou psychique dans l'esprit de Bob. Il n'aborderait jamais plus le problème de l'âge d'Astrée avec quiconque exceptée elle-même.

- Bob, reprit-elle, sur ma planètes les humains ne vivent, en moyenne, que soixante-dix ou quatre-vingt ans. Les centenaires sont rarissimes. Et sur ma planète, je ne suis pas si jeune! Oubliez cette histoire, s'il vous plaît. Je dois rester dans cette unité. Vous m'avez demandé d'avoir confiance en vous… A votre tour, ayez confiance en moi! Ce n'est pas mon âge qui est important! C'est ce que je peux faire, ce sont mes actes! Me comprenez-vous?

- Oui, Astrée. Je vous comprend. Ne vous inquiétez pas. Je ne vous parlerai plus de ça. Je n'en parlerai pas du tout d'ailleurs.

- Merci Bob, Je vous remercie sincèrement. Je vais aller me reposer maintenant. A demain.

- A demain.

Elle sortit laissant Kany seul. Il réfléchissait.

- C'est une enfant, pensait-il. Mais elle ne parle pas et n'agit pas comme une enfant. Je suis bien obligé de l'admettre. Laissons-lui sa chance. Je croit qu'elle le mérite… et c'est la même chose pour ses amis.


Bob se sentit mieux. Il savait qu'il avait raison. Il n'aurait pas su dire pourquoi, mais il faisait vraiment confiance en ces jeunes gens. Il y avait quelque chose en eux. Et surtout chez Astrée. Sa détermination? Un quelque chose dans son regard peut-être?

Il se leva, et alla, lui aussi, se reposer.


… Et pourtant, malgré mes inquiétudes, ils s'intégrèrent rapidement au sein de l'unité. Certains des officiers les y aidèrent tandis que d'autres étaient très réticents à leur présence parmi nous. En revanche, la plupart des soldats les acceptèrent rapidement malgré leur apparence juvénile.

En fait, les différents cours animés par ces jeunes gens avaient beaucoup de succés et…

 

Général A.S. Gill

Confessions de Guerre.

 

 

 

On était en plein milieu de la matinée. Astrée aurait dû être en plein ciel, pilotant son FlyRob entre les nuages. Pourtant elle attendait Suly dans son bureau. Elle avait reçu la convocation de Suly juste avant de décoller. Elle était là depuis environ dix minutes quand la porte s'ouvrit.

La jeune général Gill entra.

- Astrée? Tu es déjà là? Excuse-moi de t'avoir fait attendre mais, aujourd'hui, j'ai beaucoup de choses à faire. Et pour commencer je dois faire un rapport sur toi et tes amis pour mon père. Il devra le présenter à une réunion du haut-état major dès cet après-midi. Je souhaite que tu sois présente pendant que je le rédigerai. Si j'oublie quelque chose, n'ai pas peur de m'interrompre et de me reprendre.

- Si tu veux.

Suly enfonça quelques touches sur le clavier de son ordinateur.

- Général Astrée Suly Gill. Rapport concernant l'unité X-Force et plus particulièrement les officiers d'Elonia. Première partie : Dossiers individuels. Un, Astrée d'Elonia. Le Capitaine Astrée d'Elonia maîtrise parfaitement son F45-FlyRob. Elle a passé avec succès tous les tests. Le Major Alf Liet a signé son certificat de vol avec mention très bien.

A ces mots Astrée regarda Suly, surprise. Suly, souriante, coupa son enregistrement.

- Je n'y suis pour rien. Il a signé ce certificat hier soir, avec celui de Solia. Il a changé, non?

- Oui… On en reparlera tout à l'heure. J'ai une ou deux révélations pour ton rapport. Continue.

- D'accord, fit Suly en reprenant son enregistrement. Le Capitaine Astrée d'Elonia s'est très bien intégré dans l'unité et fait honneur à son uniforme et à son grade. Je me permet donc de la recommander pour une confirmation dans son grade et une affectation définitive, et officielle, au sein de mon unité. Deux. Solia d'Elonia. Le lieutenant Solia d'Elonia a, elle aussi, réussi aux épreuves de vol sur FlyRob avec mention bien. Son intégration est réussie. Trois. Eliwin d'Elonia.

Suly passa en revue tous ses jeunes protégés.

- En résumé, l'intégration des officiers d'Elonia dans l'unité est une réussite totale, surtout si l'on considère qu'il n'ont eu qu'un mois pour y parvenir. Je recommande donc leur affectation définitive et officielle au sein de l'unité X-Force. Deuxième partie : cours. Un. Escrime. Le cours d'escrime des Lieutenants Astor d'Elonia, Eliwin d'Elonia et Blacke réuni chaque soir soixante et onze participants. Le Lieutenant Astor considère que les progrès de nos hommes sont très sensibles et que la plupart d'entre eux auront leur chance dans un combat au corps à corps contre l'ennemi. Quelques participants se montrent particulièrement doués comme le Lieutenant Robert Kany et le Colonel Mac'Insh. Deux. Archerie. Le cours de tir à l'arc des Lieutenants Celendil d'Elonia et Smith réuni chaque soir cinquante quatre participants. Là aussi les résultats sont très encourageants. Nous pourrions, d'après le Lieutenant Smith, présenter une équipe complète au championnat de la confédération. Le lieutenant Celendil se charge de lui rappeler régulièrement le but réel de ces entraînements : tuer un ennemi. Trois. "Psychologie".

Astrée fit un signe à Suly qui coupa son enregistrement.

- Oui?

- A ce propos, j'ai quelques nouvelles récentes. Solia à enfin compris pourquoi les auras de Liet et Alson sont différentes. Et elle dit que, maintenant, elle va pouvoir accélérer le rythme d'apprentissage.

- Et?

- Tu te souviens? Je t'avais dit qu'Alson ne parvenait pas à apprendre le sort de lumière alors que tous les autres y sont arrivés facilement…

- Oui.

- Et bien, elle a été la première à maîtriser le sort de sommeil! Liet, lui, n'y arrive absolument pas!

- Et alors?

- Solia a tenté une expérience… Elle a essayé d'enseigner à ses apprentis les sorts de soins et de flèche de feu. Liet a été le premier à maîtriser ce dernier sort et Alson a été la première à réussir le sort de soins. Bien entendu, elle n'est jamais arrivée à créer une flèche de feu, pas plus que Liet à lancer un sort de soin…

- Astrée! Je t'en prie. Ne me fait plus languir! Va au fait!

- D'accord, fit Astrée en souriant. Liet et Alson ne sont pas des magiciens! Sur Elonia, Liet serait sûrement un FireLord, un élémentaliste du feu et Alson une Guérisseuse. Je comprend pourquoi elle est devenue infirmière.

- Et cela pose un problème à Solia?

- En fait… oui! Elle ne souhaite plus leur apprendre la magie. Elle dit que la magie des élémentalistes et des guérisseur est très différente à la sienne. Ce sont des magies plus intuitives, moins théoriques. Elle pense qu'ils doivent chercher leurs pouvoirs en eux. Si elle continue à leur apprendre la magie, elle ne fera que créer des blocages. Elle ne veut pas leur apprendre des techniques impropres. D'après Solia, ce qu'elle leur a appris à libérer leur magie mais ni les FireLords, ni les Guérisseurs n'utilisent de composantes matérielles pour pratiquer leur magie. Elle regrette beaucoup qu'il n'y ai ni élémentaliste, ni guérisseur parmi nous.

- Je vois… Pourront-il y arriver seuls?

- Solia en a l'air persuadée.

- Dans ce cas, il faut essayer. S'ils n'arrivent à rien, on pourra toujours les réintégrer dans le groupe de Solia.

- C'est ce qu'elle m'a dit… En tout cas, ce "stage" de magie à fait beaucoup de bien à Liet. Il a appris à canaliser son énergie et se montre beaucoup plus aimable. Astor qui a connu un FireLord m'a dit que, toutefois, ils étaient souvent agressifs. Cela vient du feu qui couve en eux. Mais je préfère largement notre nouveau Liet à l'ancien. S'il n'est pas encore un modèle de gentillesse il est plus calme…

- Bien. Je vais donc reprendre mon enregistrement… Le cours de "psychologie" du Lieutenant Solia d'Elonia compte onze participants. Si les progrès ont semblés lents à venir, ils s'accélèrent depuis quelques jours. Les participants arrivent désormais à pratiquer les bases de la magie. Deux des participants, le Major Liet et le Lieutenant Alson sont des magiciens particuliers : un élémentaliste du Feu et une Guérisseuse. Ils vont donc, pour l'instant, quitter ce groupe. Le Lieutenant Solia pense, en effet, qu'ils n'ont pas besoin d'elle pour réussir à maîtriser leur don. Elle souhaite qu'ils y travaillent seuls. Pour les neuf autres participants, les cours continueront normalement. Conclusion. Les Officiers d'Elonia ont une influence positive sur le moral de l'unité X-Force. Ils ont fait leurs preuves dans tous les domaines et se sont très bien intégrés, devenant même nécessaires à la cohésion de cette unité. Général A. S. Gill. Fin de rapport.

Suly coupa de nouveau l'enregistreur.

- Ouf… Je n'ai plus qu'à retravailler un peu ce rapport et à l'expédier. Des commentaires?

- C'est un rapport vraiment flatteur pour nous…

- Oui, peut-être, mais vous le méritez. Et cette réunion d'état major est très importante… Excuse-moi, Astrée, mais je voudrai te poser une question…

- Vas-y. Qu'y a-t-il?

- On m'a rapporté que le Lieutenant Kany et toi vous entendez bien…

- C'est vrai. Nous sommes devenus amis, je pense. Mais, je ne m'entends pas qu'avec lui… Il y a aussi Kolar, Jetson, Roll, Lusse parmi les pilotes de FlyRobs. Et aussi les Lieutenants Puech et Alson, le Capitaine Fournier, le sergent Benyamin; ainsi que quelques autres…

- C'est bien, je sais que vous vous êtes tous fait des amis. Mais Bob est quelqu'un de spécial. Il a été recruté peu avant vous. Il est un peu trop assoiffé de vengeance…

- Ah bon? Il ne m'a jamais donné cette impression. C'est vrai qu'il se donne à fond lors des cours d'escrime, mais il n'a jamais l'air agressif.

- C'est bien ce que je trouve étrange… Lorsque je l'ai connu il ne rêvait que d'en découdre avec l'ennemi… Il a très peu d'amis dans l'unité. En fait, je pense qu'il n'y a qu'avec toi et le Lieutenant Roll qu'il s'entend bien. Tu sais, son frère a été tué par l'ennemi. Il est mort dans ses bras. Cela l'a beaucoup choqué. Il est, depuis, agressif et souvent en colère.

- Pas avec moi, en tout cas. Il est toujours très sympathique et même plutôt protecteur. Surtout depuis…

Astrée s'interrompit brusquement.

- Depuis…, reprit Suly.

- Non, rien…

- Astrée, tu en as trop dit. Ne me cache rien, s'il te plaît. Depuis quand?

- Depuis… qu'il sait que j'ai seize ans.

- Tu lui a dit ça, s'écria Suly, énervée! Oh non!

- Ne t'inquiètes pas, il ne dira rien.

- Mais, tu ne comprends pas! Si cela ce sait, je risque la cour martiale et mon père aussi! Vous avez de fausses ID. Tu as, vous avez trente ans! L'âge légal! Tu n'aurai jamais du lui…

- Suly, écoute-moi! Même s'il voulait en parler, il ne la pourrai pas! J'ai fait ce qu'il fallait pour cela! Mais il ne le fera pas! J'ai moi-même été étonnée quand j'ai su que vous viviez si vieux! Je ne le savait pas! Personne ne nous l'avait dit. Ce n'était pas dans les données que nous avons apprises par l'ordinateur d'apprentissage. Je pense que c'est un fait trop connu pour figurer dans ce genre de bases de données. Et, j'ai confiance en Bob!

- D'accord. Excuse-moi Astrée. Moi aussi je te fais confiance. Mais, s'il te plaît, promet-moi de ne pas refaire ce genre de  choses!

- C'est promis… et j'en parlerai aux autres. Au fait, Suly, quel âge as-tu?

- Quel âge me donne-tu?

- Sur Elonia, je dirai un peu moins de trente ans…

- Merci, ça me fait plaisir de paraître aussi jeune à tes yeux mai j'ai quarante neuf ans. En fait, je suis très jeune pour un général… d'ailleurs je suis le plus jeune général de la confédération.

- C'est très difficile pour moi de donner un âges aux terriens maintenant… J'ai un peu l'impression que vous êtes des nains ou des elfes. Sais-tu quel est l'âge de Celendil?

- Comme toi, non? Seize ou dix sept ans?

-Non! En fait, il a quarante ans. Mais il est vraiment très jeune pour un elfe. Ils sont immortels…

- Immortels?

- Oui… L'âge ne les atteints pas vraiment. Il ne meurent que par accident ou à la guerre. Mais ils n'ont que peu d'enfants…

- Et les autres?

- Solia et Astor ont seize ans, comme moi. Eliwin a trente neuf ans, Brimbo trente quatre ans et Frison vingt sept ans. Mais, vu les espérances de vie de chaque race, nous avons tous à peu près le même âge… Et je pense que par rapport à vous, Terriens, nous avons environ… trente ans!

- J'ai bien reçu ton message, fit Suly en riant. Excuse-moi, mais j'ai encore beaucoup de travail.

- D'accord. Je retourne à mes cours…

- Amuse-toi bien, Capitaine!

 

L'Espace! C'est vraiment très grand…

Et vraiment très noir.

 

Astrée d'Elonia.

 

 

 

Astrée, dans sa chambre, se préparait pour aller s'entraîner à l'épée au cours d'Astor. Il était un peu plus de seize heures. Astrée ouvrait la porte de sa chambre quand une sirène retentit. Une voix résonna dans toute la base.

— A tout le personnel, je répète, à tout le personnel. Rendez-vous immédiatement au hangar principal. Le Général Gill va s'adresser à vous.

 

Astrée sortit de sa chambre et se joignit aux soldats et officiers qui couraient vers le hangar. Tous s'alignaient déjà, en rangs parfaitement réguliers, selon leurs unités. Astrée rejoignit la sienne.

Suly se tenait devant l'ensemble du personnel d'X-Force. Elle avait revêtu son uniforme d'apparat.

Quand l'agitation se fut calmée et que tous furent au garde à vous, elle prit la parole.

- Officiers, Soldats, cela fait maintenant plus d'un mois que vous vous entraînez ici. Vous avez tous travaillé dur. Vous avez sué. Vous avez étudié. Vous avez appris de nouvelles techniques. Vous avez appris à travailler ensemble. Aujourd'hui vous formez réellement une « unité ». Je suis fière de vous tous. Je suis fière de commander une unité commando aussi exceptionnelle que la vôtre. Pourtant, je dois vous annoncer que c'est terminé… Plus d'entraînements!

Suly marqua une pause. Son visage marquait la déception.

— Je viens de recevoir un message du Haut État Major, reprit-elle. Notre base, ici, est réquisitionnée pour une autre unité… Nous devons être partis après demain. Vos nouvelles affectations sont arrivées… Je les tiens à votre disposition dans mon bureau…

Suly marqua une nouvelle pause et regarda les visages de ses soldats.

On y lisait l'étonnement, la déception, la tristesse parfois. Certain, pourtant, gardaient un visage fermé, comme si rien ne comptait vraiment. Quelques chuchotements se faisaient entendre. « Plus de X-Force? Plus d'unité? Après tous ces efforts? Et c'est tout? »

Suly toussota et reprit la parole, souriante.

— Par contre, ce que je peux vous dire, c'est que vous êtes tous affectés au même endroit : le Destroyer « Délivrance », dernier fleuron de notre flotte et affecté à l'usage exclusif de l'unité X-Force! Nous partons au Front!

 

Après ce moment de tension, tous laissèrent éclater leur joie. Ce ne fut plus que « Hourra! » et « Bravo! ». L'ordre tant attendu était enfin arrivé. X-Force commençait à cet instant à exister réellement.

 

— Merci a tous, reprit Suly. Je vous demande encore un instant d'attention. Notre déménagement commence à cet instant. Tout notre matériel doit être transféré sur le Délivrance dans les 48 heures. L'unité que nous a envoyer l'intendance doit déjà avoir commencé son travail. Pour ne pas la gêner, nous allons quitter les lieux. En conséquence, vous avez quartier libre. Allez voir votre famille ou vos amis… Mais soyez tous à l'Astroport militaire après demain à neuf heures. Les transports pour le Destroyer Délivrance nous y attendront Les retardataires seront considérés comme déserteurs. Rompez!

Tous se ruèrent vers leurs quartiers pour faire leurs paquetages avant de partir.

Seuls les Sept et Suly restèrent dans le hangar.

— Si vous le voulez bien, mon père serait heureux de vous loger d'ici notre départ.

— Je serai heureuse de le revoir, répondit Astrée.

— Moi aussi, poursuivit Solia.

En fait, tous étaient heureux de revoir le vieux général.

— C'est entendu, fit Suly. Nous partirons d'ici à 19 heures, quand tous le monde sera parti; je veux être la dernière à quitter ce hangar…

 

Frison eu vite fini son paquetage. Assit sur son lit il s'ennuyait. Entendant du bruit dans le couloir il se leva et ouvrit sa porte. Brimbo venait de poser son sac devant sa porte qui déjà se fermait.

Frison couru et l'empêcha de se fermer complètement.

- Hum hum, fit-il. Que fais-tu Brimbo?

Brimbo surprit se retourna. Il tenait sa lourde hache à la main.

- Oh, c'est toi Frison… Tu m'as un peu surpris… Comme on part se battre, je pensais qu'affûter ma hache serait une bonne idée…

Joignant le geste et la parole il s'assit sur son lit et commença à faire glisser une pierre sur la lame incurvée.

— Tu as raison… C'est une bonne idée. Je peux te tenir compagnie?

— Bien sûr. Prends la chaise.

— Tu sais, j'ai un peu peur…

— De quoi?

— Oh, pas de me battre… Pour ça je me sens aussi prêt qu possible... si on peu vraiment se sentir prêt à se battre et à mourir… Non, c'est de leur vaisseau, de leur Destroyer que j'ai peur…

— Ah?

— Oui… Tu vois, cet… engin va nous transporter dans l'espace, dans le vide en fait… Traverser des immensités de vide…

— C'est vrai Frison, mais n'oublie pas que les terriens possèdent cette technologie depuis assez longtemps déjà… Ils voyagent entre les étoiles depuis suffisamment longtemps pour construire des vaisseau efficaces et sûrs. La preuve : pas un accident de navigation depuis plus de trois cents ans…

— Oui, moi aussi j'ai suivit le cours de l'ordinateur d'apprentissage, fit Frison en souriant. Mais en fait ce qui me fait le plus peur c'est le saut dans l'hyperespace. J'ai entendu certains officiers en parler…

— Et que disaient-ils?

— Que pendant un instant on mourrait…

— Ce ne doit pas être une sensation agréable… Mais au moins, le Terrible Jour arrivé, tu sauras à quoi t'attendre!

— C'est vrai, fit Frison en souriant. Et puis, après le saut, on est toujours vivant, non?

— C'est ce que j'allais te dire! Ce n'est pas la peine de se faire du souci pour si peu… On a beaucoup d'autres raisons de s'inquiéter. D'ailleurs, je m'inquiète pour toi…

— Pourquoi?

— Humf, c'est presque l'heure du repas, et ton estomac ne grogne pas!

Frison et Brimbo éclatèrent de rire…

— C'est vrai, mais maintenant que tu m'y fais penser….

— Allez, c'est presque l'heure, fit Brimbo abandonnant le polissage se sa hache. Rejoignons les autres…

— C'est parti… Juste le temps d'aller chercher mon sac. A tout de suite…

Suly et les Sept  se retrouvèrent à 19 h, comme prévu, mais, à cause de quelques retardataires, ne purent partir qu'un demi-heure plus tard.

Suly regarda la prote du hangar se refermer derrière elle, se souvenant de la première fois où elle l'avait franchie…

— C'était le début d'évènements incroyables, murmura-t-elle en se retournant. Allez, tous chez mon père, reprit-elle d'une voix enjouée.

 

André Gill accueillit la petite troupe avec sa gentillesse et sa gaîté habituelle.

Pendant, et après, le repas, ils parlèrent beaucoup du mois écoulé. André semblait très fiers des jeunes gens.

— Après demain, vous partirez très loin d'ici… et pour assez longtemps, j'en ai peur… Alors, que voulez-vous faire demain?

— J'aimerai aller dehors, fit Celendil. Je voudrais me promener dans une forêt.

— C'est une bonne idée, renchérirent ensemble Frison et Eliwin.

— Voir vraiment la Terre…, poursuivit Frison. Je ne l'ai vue que de haut, dans mon SkyLooker. Elle a l'air belle…

— Oh oui, elle l'est, fit Suly.

— Soit, fit le vieux général. Demain nous vous emmènerons à la surface!

 

Détente : Les membres d'X-Force avaient peu d'occasion de se détendre. C'est pourquoi ils profitaient de leurs rares moments libres le plus pleinement possible. Ainsi...

 

Colonel Roll.

Dictionnaire de la Loi et du Chaos.

 

 

  L'ascenseur montait rapidement. Après une heure d'autocom, le but de l'expédition approchait... L'ascenseur ralentit et s'arrêta bientôt. A peine ses portes ouvertes, neuf personnes pressées en sortirent.

Le soleil était encore bas, mais il faisait déjà chaud. La journée s'annonçait belle. Pourtant, quelque chose dans l'air annonçait l'arrivée prochaine de l'automne.

André pointa son doigt vers l'est.

-- L'orée de la forêt est à moins d'un kilomètre. On la voit bien d'ici non?

En effet, l'arrivée de l'ascenseur se trouvait en haut d'une petite colline.  Et la vue était superbe...

A l'ouest et au sud, on pouvait voir des champs à perte de vue. Au nord, les bâtiments de surface de la ville, quelques tours élancées au milieux de parcs. Et à l'est se trouvait une immense forêt qui s'étendait aussi loin que porte le regard... Encore plus loin, derrière la forêt, noyée dans la brume, on pouvait distinguer une chaîne de montagnes.

Le petit groupe prit le chemin de la forêt.

Astor et Celendil portaient les paniers du pique-nique.

-- Je suis heureuse de sortir enfin, fit Solia. Et puis, quelle joie de ne pas porter l'uniforme!

-- Je te comprend, fit Eliwin.

Solia était habillée d'une légère robe de coton blanc assez longue. Eliwin, quand à elle, portait une robe très courte qui mettait en valeur sa taille set ses longues jambes.

-- Et puis, poursuivi Solia, ça fait plaisir de voir que les garçons n'ont pas pris leurs armes aujourd'hui...

 

Ils s'enfoncèrent bientôt dans une forêt de chênes, de noisetiers et de pins.

L'air embaumait... Le sentier était étroit, presque effacé par endroit. Au bout d'environ une heure de marche, ils atteignirent une petite clairière.

-- Nous pourrions nous arrêter ici, non?

André Gill avait l'air un peu fatigué.

-- Oui, ça à l'air très bien, répondit Celendil.

La petite clairière était entourée de pin odorants et de vieux chênes. Quelques rochers pouvaient servir de sièges rustiques.

 

On s'affaira un instant à poser le nécessaire à pique-nique et à aménager agréablement ce petit coin de paradis.

 

Celendil et Astor s'excusèrent bientôt et s'enfoncèrent dans la forêt. Celendil avait l'air pleinement heureux. Pour un elfe sylvain, il était resté vraiment longtemps éloigné de la forêt.

 

Eliwin aussi avait l'air de vouloir s'enfoncer dans cet océan de verdure. Elle demanda si quelqu'un voulait l'accompagner. Frison se proposa et, à leur tour, ils quittèrent la clairière.

 

Solia et Brimbo s'assirent à l'ombre d'un grand chêne, à l'orée de la clairière et commencèrent à discuter.

Astrée, quand à elle, resta avec Suly et andré.

 

Astor courrait derrière un Celendil plein d'énergie et qui paraissait inépuisable. Malgré sa forme physique, il fut bientôt essoufflé de courir à un rythme si rapide au milieu des fougères et des ronces... Heureusement pour lui, Celendil s'en aperçut et s'arrêta.

-- Excuse moi, mais il y avait si longtemps...

-- Non, ne t'excuse pas, je te comprends... moi c'est la mer qui me manque...

-- La mer?

-- oui... Tu sais, Ur est au bord de l'océan de l'est. Je naviguais souvent, avant, et le bruit des vagues s'écrasant contre les hautes falaises de la côte me manque...

-- La mer... Quand nous sommes allés à Wislo, c'était la première fois que je voyais la mer... c'est vrai qu'elle est belle...

-- Si tu veux bien, je t'invite à venir chez moi, à la fin... de tout ça. 

-- D'accord. mais en retour, tu viendras chez moi, voir Irrin la belle, la citée des arbres. Tout comme Aralda est sous les arbres avec les racines pour toit, Irrin est au sommet des arbres avec les étoiles pour tout toit et ses murs sont de toiles aux couleurs chatoyantes. J'espère que tu acceptera de m'y accompagner.

-- Bien sûr, je ne voudrai pas manquer ça... Celendil, lorsque nous avons rencontrer Gauldir, dans la forêt verte, tu nous a dit qu'il était un de tes cousins...

-- Oui, nos grand-mères maternelles sont sœurs... Mais je ne l'avais rencontré. Son père est brouillé avec la cité d'Irrin... Flaviel, mère de Gauldir et épouse de Malardil, a été victime d'un accident dans notre citée. Elle a fait une chute mortelle... Malardil n'a jamais pardonné à Calandir, notre roi, de n'avoir pas sût la protéger. Et, comme Flaviel rendait visite à ma mère, sa cousine, Malardil ne lui a pas pardonné à elle non plus... Enfin, ces évènements remontent à il y a longtemps déjà, bien avant ma naissance en fait. Mais Gauldir ne s'est jamais rendu à Irrin et je n'étais jamais allé à Aralda avant notre voyage...

-- C'est une triste histoire...

-- Oui. Mais le passé est le passé... Et notre présent est déjà suffisamment sombre pour que nous ne nous attardions pas sur les choses tristes du passé...

-- ... 

Astor, hésitant, allait répondre lorsque Celendil reprit la parole.

-- Bon, si tu es suffisamment reposé, nous pourrions peut-être rejoindre les autres...  Nous avons quand même couru assez loin...

-- Bonne idée, répondit Astor. Je commence à avoir faim. Allons-y.

 

-- Eliwin, tu m'avais promis de me parler de Johnak... Ce n'est pas très loin de Livia, mais je n'ai jamais eu l'occasion de m'y rendre. C'est aussi beau q'on le dit?

-- Oh oui, Frison. C'est la plus belle ville d'Elonia et peut-être la plus étrange aussi. Elle se trouve dans la limite ouest de la forêt d'Etern et est divisée en deux parties par l'Aqualandir, un rivière impétueuse. Sur la rive gauche se trouve Hiltaris-Johnak, la Johnak aux milles flèches, la partie Elfe de la ville et notre capitale. Johiltar, le palais d'Ëornil, notre Roi, y dresse ses hautes tours vers le ciel. Les tours de pierre se mêlent harmonieusement à la forêt. Les deux rives sont reliées par seize ponts. Huit ont été construits par les elfes et huit par les humains qui habitent la rive droite, Alkanbar-Johnak, Johnak la marchande. La partie humaine de la ville ressemble beaucoup à Port-Grand... Pourtant, trois édifices rehaussent la beauté de cette partie de la ville : le palais du Gouverneur, le temple d'Aaloon et l'académie des Eolides. Le palais du Gouverneur est un château fortifié pourtant ses lignes sont pures et agréables à regarder, même pour un elfe. Des nains ont participé à sa construction et ses pierres  sont si bien emboîtées qu'on le dirai d'un seul bloc. Ce château est le seul bâtiment fortifié de Johnak. Le temple d'Aaloon, quand à lui a été élevé il y a très longtemps, à la fondation de Johnak. Il est construit dans une pierre très claire qui change de couleur suivant l'éclairage. Ce bâtiment passe du rouge au blanc, au jaune et même au vert suivant les heures de la journée. C'est un effet extraordinaire... L'académie aqualide a été construite par mon peuple, un don à ces élémentalistes. C'est le seul bâtiment elfique de la rive droite.

-- Comme cela à l'air beau...

-- Oh, fit Eliwin en riant... tu habites à Livia. C'est près... Je suis sûr que tu auras l'occasion de te rendre à Johnak... Si tu veux, je te servirai de guide!

-- Oh, merci beaucoup Eliwin... Mais j'ai bien peur de ne pas pouvoir te rendre la pareille : la visite de Livia ne prendrait pas dix minutes... Des auberges, des trous de hobbits, encore des trous et toujours des trous. Et, de temps en temps... une auberge! Livia n'a vraiment rien d'extraordinaire! 

-- tu te trompes Frison, répondit gravement Eliwin. Livia n'est pas n'importe quelle ville... c'est ta ville, celle qui t'a vu venir au monde, et grandir puis partir pour devenir un guerrier d'Aaloon... Et je suis sûre qu'il y a, là bas, des gens qui t'aiment et qui attendent ton retour, des gens que tu aimes toi aussi... C'est donc une ville importante!

Frison avait rougit.

-- Tu as raison, Eliwin. On a raison de vanter la sagesse de Elfes!

-- Oh, je ne suis pas si sage tu sais... Au fait, je suis passée à Livia il y a une vingtaine d'année... C'est toujours aussi petit?

Se joignant à Frison, Eliwin rit de bon cœur. 

Frison arrêta bientôt de rire, regarda un instant Eliwin puis son regard se perdit dans le vide. Son esprit errait quelque part sur Elonia. Il se laissa guider par Eliwin sur le chemin du retour.

 

 

-- Ainsi donc, Brimbo, ton oncle est un des Maîtres des Mines de Gys...

-- Oui Solia. Il a hérité de la charge de mon grand-père. C'est un Maître des Pierres, une sorte de magicien si tu veux... Il est très puissant. Malheureusement je ne possède pas le don; il commence à être âgé et il n'a pas d'enfant. Il a, un moment, penser à faire de moi son héritier, mais mon absence de don l'a contraint à y renoncer. Tant pis... je deviendrais riche par mes propres moyens... Je ferais honneur à ma famille en remplissant mes cavernes d'or et de pierres précieuses.

-- C'est bien Brimbo. Moi, je ne souhaite pas la richesse... Je veux seulement être libre et heureuse. Tu sais, quand on vit sur une petite île comme Wislo, on se sent vite enfermé, comme emprisonné par cette eau qui enserre tout! J'ai déjà réalisé la plupart de mes rêves : je voyage loin, et, en fait, même vraiment très loin, de Wislo et j'ai des amis incroyablement intéressants. 

-- Si tu voulais voyager, c'est vrai que tu es servie... Moi je n'ai jamais souhaité voyager. Je préfère me trouver dans des cavernes bien connues dont je puisse identifier la moindre fissure. Tu ne peut pas comprendre les efforts que j'ai fait ces derniers mois pour rester aussi longtemps à l'air libre, dans des lieux inconnus. Ici, même si nous sommes le plus souvent sous terre, tout est artificiel. Il n'y a pas de roche et, par contre, il y a trop de lumière : on se croirait toujours dehors. Et cette forêt, comme celles d'Elonia ne me convient pas : je ne me sentirai jamais à l'aise au milieu de tant d'arbres. 

-- J'aime bien la forêt... Wislo est couverte de forêt. Je m'y promenait souvent... D'ailleurs, maintenant que j'y pense, c'est étrange que je n'ai jamais trouvée la "grotte". Elle est pourtant près de chez moi... Et je n'ai jamais entendu personne en parler non plus.

-- Elle doit être protégé par le pouvoir d'Aaloon... Rappelle toi : Aaloon a guidé Astrée jusqu'à le grotte.

-- C'est vrai.

-- Ah... vivement que l'on retourne sur Elonia... J'ai un peu le mal du pays.

-- Comme nous tous Brimbo. Mais, ne te laisse pas aller. Nous avons un travail à accomplir ici. Puis nous rentrerons. Et, là bas, il y aura encore beaucoup à faire avant que tu puisses retourner chez les tiens. Mais nous devons rester unis et nous entre-aider pour réussir. C'est pour ça que tu peux compter sur moi : je serais toujours là pour te soutenir.

-- Tu as raison. Il ne faut pas que je déprime pour si peu. Nous devons être forts pour pouvoir aider les autres. Je me sens mieux ! Merci Solia... Toi aussi tu peux compter sur moi !

-- Je le sais Brimbo, fit Solia en se levant. Tiens, voilà Astor et Celendil qui reviennent. Si on rejoignait les autres?

-- On y va.

 

Astrée regardait le vieux général. Il avait l'air fatigué et, en même temps, plein d'une immense volonté.

-- Vois-tu, Astrée, nous devons gagner cette guerre très vite! Si elle dure encore, j'ai bien peur que cela en soit fini de la Confédération.

-- La situation est si grave?

-- Oui, répondit Suly. Mon père a raison. Certaines des planètes affiliées à la Confédération sont au bord de la révolte. Elles disent que nous ne pouvons pas les protéger, que le Confédération Intergalactique est un vieux dinosaure inapte à diriger encore la galaxie. Et, dans les faits, ils ont raison... Jusqu'à présent, toutes les batailles que nous avons menées contre les forces du Chaos se sont soldées par une défaite...

- Nous avons besoin d'une victoire, poursuivit André. Et vite! Si la Confédération éclate, j'ai bien peur que plus personne ne puisse arrêter le Chaos.

-- Je comprends, fit Astrée. Je suis moi aussi persuadée qu'un victoire est nécessaire; elle redonnera confiance à vos troupes et ferons douter les forces du Chaos.

Nous ferons tout ce que nous pourrons, vous le savez... Mais je ne peux vous promettre un miracle. Pourtant, je souhaite pouvoir vous dire un jour la célèbre phrase d'un Général de votre planète : veni, vidi, vici.

-- Ah! César... Il a conquit tout le monde connu à son époque ou presque, tu sais Astrée.

-- Oui, Suly. Je l'ai appris grâce à votre ordinateur d'apprentissage. Mais je trouve qu'il lui manquait une qualité...

-- Et laquelle Astrée?

-- La modestie...

André, Suly et Astrée éclatèrent de rire.

- Ah, ça fait du bien, reprit Astrée. Ces derniers temps je n'ai pas eu souvent l'occasion de rire comme cela...

- Oui, répondit André. Je comprends. Vous êtes si jeunes encore et vous portez pourtant un lourde tâche sur vos épaules... Mais j'ai foi en vous. Je sais que vous réussirez!

-- Tien, fit Suly. Les autres reviennent... Nous allons pouvoir nous manger ce pique-nique!

-- Oui! cria Frison, encore à quelques mètres. On mange! Et ensuite, je vous montre comment on règle son sort au chaos en cinq minutes !

 

En fait, il fallu bien cinq minutes pour que tous cessent de rire après cette fière déclaration!

 

 

Botanie: petite planète forestière du secteur d'Orion. Cette planète sans histoires fût pourtant le cadre de la première intervention sur le terrain de l'unité X-Force. Sans importance stratégique, au premier abord, cette planète possédait pourtant une richesse considérable aux yeux du chaos...

 

Colonel Roll.

Dictionnaire de la Loi et du Chaos.

 

L'écran était remplit de neige depuis au moins dix minutes... Seul le logo clignotant qui indiquait l'arrivée d'un ordre codé et urgent de la confédération clignotait dans le coin inférieur droit de l'écran.

Pourtant l'homme assit devant la console ne parvenait pas à détourner ses yeux de cet écran.

-- Trois heures, murmura l'homme. Elle a dit trois heures... Dans trois heures des destroyers et des croiseurs de la Confédération vont arriver ici... Pour défendre la planète... ma planète...

Il leva les yeux au ciel, quittant enfin l'écran des yeux...

- Seigneur? Pourquoi? Cette planète ne possède rien... Pourquoi venir l'attaquer?

Il n'eut pas de réponse...

Il laissa échapper un soupir et reporta son regard sur l'écran.

Bon, décodons ce message...

 

 

 

Destroyer Délivrance : 1er Vaisseau de combat de classe constellation construit pendant la Grande Guerre. Affecté à l'usage exclusif de l'unité X-Force, ce vaisseau et son équipage ont connu une immense gloire. En effet, dès sa première mission...

 

Colonel Roll.

Dictionnaire de la Loi et du Chaos.

 

Un léger ronflement, une vibration presque imperceptible avait tenu compagnie à l'équipage pendant les trois derniers jours. C'était le seul signe qui indiquait que le Délivrance voyageait dans l'hyperespace. Encore quelques heures et le vaisseau rejoindrait l'espace normal près de Botanie.

Cette planète forestière, une des dernières colonisées par les terriens, était, selon les services secrets de la Confédération, sur le point d'être attaquée par les forces du Chaos. Mal défendue, elle représentait une proie facile. Pourtant les services secrets, en dépit de tous leurs efforts, n'avaient pu déterminer ce qui pouvait intéresser le chaos sur cette planète : habitée par seulement vingt mille âmes, elle ne produisait que du bois (bien que de grande qualité) et ne possédait aucune ressource stratégique.

 

Dans la salle de commandement tactique du délivrance, Suly réunissait son état-major en prévision de leur arrivée imminente à Botanie.

 

— Oui, Colonel Moore. Nous serons placés sous le commandement du Gouverneur Astruc de Botanie dès notre arrivée et ce jusqu'à ce que nous quittions la planète.

— Mon Général, ce Gouverneur est-il compétent? ... Sur le plan militaire bien sur?

— Colonel, je me suis entretenue avec lui il y a un instant par hyper-radio. Il m'a parut calme et compétent. En tout cas, suffisamment compétent pour me dire qu'il nous laissait carte blanche pour la protection de sa planète... Ses forces armées se résument à environ cent-vingt policiers... Il ne comprend pas du tout que quelqu'un puisse vouloir s'emparer de sa planète.

— Et, en ce qui concerne les forces de défense, fit le colonel Mac'Insh, toutes les forces promises seront-elles là?

—   Oui Colonel. En plus du Délivrance, la confédération  envoie ici 4 Destroyer dont le "Redoutable" de classe Scorpion, dont vous connaissez tous l'excellente réputation, ainsi que deux croiseurs d'escorte par Destroyer et dix-huit corvettes. Les croiseurs affecté au Délivrance sont l' "Albatros" de classe Cygnus et le "Chasseur" de classe Orion. Bien entendu, tous ces vaisseaux transportent leurs escadrilles de chasseurs... Êtes-vous rassuré Colonel?

— Oui mon Général. Avec cinq Destroyers et dix croiseurs nous pouvons tenir tête à une force d'attaque assez importante.

— Et, poursuivit le colonel Moore, si le secret concernant cette opération et notre venue à Botanie a été bien tenu, nous pouvons espérer que le flotte ennemie soit peu importante.

— Je suis sûre qu'il l'a bien été, Colonel. D'ailleurs, l'expression de surprise du gouverneur lorsque je l'ai informé de notre prochaine arrivée me l'a confirmé.

— Sur quel types de chasseurs pouvons-nous compter?, reprit le colonel Moore.

— Bien entendu, tous les Destroyers et croiseurs ne sont pas aussi bien équipés que le notre. Nous pouvons compter sur une majorité de Figthers 24A et 24C, de SpaceBombers III ainsi que sur des Havoc-G1 et G2. Le redoutable a été récemment équipé d'une escadre complète de SpaceFighters 30A, comme nous, ainsi que d'un SpaceKiller. Cela fait donc, en tout, environ 300 chasseurs et bombardiers transportés par les Destroyers auxquels il faut rajouter les 200 transportés par les croiseurs. Cela me semble amplement suffisant.

— Oui mon Général. En fait, ce n'était pas le nombre qui m'inquiétait. Je pensais que pour défendre une planète aussi insignifiante, on nous aurait plutôt fournis des Fighters 17B ou bien des Bombers 1B, bref du vieux matériel...

— Colonel, ce que nous venons faire ici, ce n'est pas défendre une planète... C'est infliger sa première défaite au Chaos! Nous visons une victoire psychologique importante en ce moment!

— C'est compris mon Général! Avec ce que vous nous avez annoncé, je peux vous assurer que nous allons gagner!

Un murmure d'approbation circula dans l'état major.

- Bien. La scéance est levée. Nous quitterons l'hyper-espace dans moins de 2 heures. Préparez vos troupes!

Tous se levèrent et sortirent en petits groupes, discutant tactique et stratégie. Seule Astrée resta avec Suly.

— Cette planète est vraiment peu peuplée, fit Astrée... Et recouverte de forêts. Que peux bien lui vouloir le Chaos? Peut-être ouvrir une autre porte? Je ne vois rien d'autre...

— Je n'en sais rien, répondit Suly. Mais c'est une possibilité. Par contre, tous les rapports des services de renseignements concordent : Botanie est leur prochaine cible!

— C'est peut-être un piège?

— Le Haut État-major y a pensé... C'est aussi pour cela que nous avons réuni une force d'intervention aussi importante. Mais, pour l'instant, rien ne nous permet d'être sûr que c'est un piège...

— Vingt mille habitants... C'est peu. Pourquoi ne pas les évacuer?

— Une évacuation aurait tout de même pris du temps et aurait pu avertir l'ennemi que nous connaissions ses plans. Le secret était vital dans cette mission; C'est pourquoi notre départ a été fixé dans des délais aussi brefs.

— D'accord... Quel est ton plan?

— Nous en reparlerons plus tard, sur Botanie. Pour l'instant moi aussi je dois me préparer. J'ai encore beaucoup de travail avant notre arrivée...

— Bien. Je te laisse. A tout à l'heure!

 

 

Botanie était recouverte de nombreuses et immenses forêts. C'était une planète extraordinaire. J'ai été étonné d'y trouver certaines essences identiques à celles d'Elonia alors qu'elles étaient absentes sur Terre.

D'ailleurs, C'est à cause...

 

Celendil d'Elonia.

 

 

 

Le sept septembre 6240, à 17h 23 GMT le Délivrance émergea de l'hyperespace. Une heure de vol subluminique plus tard il se mit en orbite autour de Botanie. Le Vengeur, un vieux destroyer de classe Bélier ainsi que deux croiseurs les avaient précédés.

Le reste de la flotte arriva par petits groupes et à 20h 24 GMT tous les vaisseaux promis par la confédération étaient en orbite autour de la planète.

Le Chasseur et l'Albatros s'étaient placés près du délivrance.

Dès 21h GMT les commandants des différents destroyers, Suly et le Gouverneur Astruc se réunirent pour mettre au point une stratégie de défense. Heureusement pour le gouverneur, l'heure locale de Bota, la plus grande ville de Botanie avec ses presque quinze mille âmes, n'était décalée que de trois heures par rapport à l'heure GMT utilisée universellement par la flotte. Sa nuit fut tout de même très longue, la réunion ne s'achevant qu'avec l'arrivée de l'aurore à Bota.

Suly sortit satisfaite de cette réunion d'état-major. A quelques détails près son plan avait été accepté.

 

On installa à Bota deux canons à Ions lourds ainsi que des batteries anti-aériennes pour parer à un atterrissage des troupes du Chaos.

La population se trouvant hors de Bota fut appelée à se rendre dans la "Capitale" car c'était là que sa sécurité serait le mieux assurée.

 

Suly et les différent officiers supérieurs répétaient inlassablement leur tactique, faisant des essais sur simulateurs, améliorant sans cesse leur réponse face aux mouvements possibles de l'ennemi. Seul le cas d'un ennemi très supérieur en nombre, improbable, avait été négligé.

 

Chaque homme, dans les vaisseaux ou sur la planète, vérifiait son matériel, apprenait les différentes tactiques envisagées, s'entraînait. Les pilotes aidaient les mécaniciens à préparer leurs appareils.

 

Les forces terrestres, dernières lignes de défenses si la flotte étaient vaincue, préparaient autant d'obstacles que possible pour ralentir la progression de l'ennemi.

 

Pourtant, dès le douze septembre la situation changea... Les préparatifs étaient terminés et l'on avait plus qu'à attendre l'ennemi. L'excitations des préparatifs laissait place à une certaine tension. Avait-on pensé à tout? Quand arriveraient les forces ennemies? Où? Du bon côté de la lune? Dans le plan de l'écliptique? A sa verticale?

Autant de questions dont personne ne pouvait connaître les réponses.

 

Le FlyRob était posé dans une clairière. Son occupante, essoufflée, parlait vivement dans son communicateur.

— Oui Astrée... J'ai bien vérifié... Moi même je n'arrive pas à y croire! Je t'attends! Amène Suly et les autres. Il faut que vous voyez ça!

— D'accord Solia. Calme toi... Je cherche Suly et nous arrivons... Mais c'est incroyable!

— Incroyable oui! A tout de suite. Je déplace mon FlyRob pour dégager la clairière...

— Bien reçu. A tout de suite.

 

Une petite navette se posa doucement au milieu de la clairière. Suly, le gouverneur Astruc, Astrée et Celendil en descendirent.

Solia se porta à leur rencontre.

— Ah vous voilà. Vous avez fait vite... mais, où sont les autres?

— Occupés pour l'instant, répondit Astrée. Mais ce n'est pas grave : je leur raconterai tout.

Astrée fit un clin d'œil à Solia.

— Oh. D'accord.

— Solia, fit Suly. Astrée n'a rien voulu me dire, sauf que tu avais fait une découverte très importante. De quoi s'agit-il?

— De ça, fit Solia en montrant la forêt environnante d'un large geste.

— Je ne vois rien...

— Les arbres!, fit Solia. Les arbres.... Ce sont des Malorns!

— Des Malorns?, fit le gouverneur Astruc. Nous, ici, nous les appelons des Creux... Leur bois est inutilisable pour quoi que ce soit.

— Oh gouverneur Astruc, vous avez tort... Sur Elonia ce sont les arbres les plus précieux de tous et il ne poussent que sur une île...

 

 

Le Malorn est l'arbre le plus précieux d'Elonia. Ce feuillu à feuilles caduques en forme d'étoile ne pousse que sur une île à laquelle il a d'ailleurs donné son nom : la Malornie. La forêt de Malorns de cette île est protégée par une puissante organisation : la confrérie du Malorn.

Pourquoi ce bois, inutile à tout charpentier, ébéniste ou menuisier, est-il si précieux? Tout simplement parce qu'il...

 

Solia d'Elonia.

 

  — ... amplifie le Magie. Le Malorn est le meilleur bois pour fabriquer les baguettes et bâtons magiques. Tout magicien rêve de posséder la moindre baguette en Malorn. Mais la Confrérie veille et ne distribue que très peu de bois de Malorn.

 

Solia marqua une pause, observant les réactions de son public. Assis à côté de Suly, le gouverneur Astruc avait l'air ébahi. Derrière eux, le Colonel Moore, le Colonel Mac'Insh et le Major Liet écoutaient patiemment. Encore derrière se tenaient Astrée, Celendil et Brimbo. Malgré le peu de personnes présente, la petite salle accueillant la réunion avait l'air comble.

 

— Et ici, reprit Solia, nous avons une forêt de Malorns d'environ quatre cents kilomètres de long sur deux cents de large. Lorsque, pendant ma mission d'entraînement, j'ai survolé cette forêt, j'ai ressenti sa magie. C'était comme si la forêt m'appelait...

— Excusez-moi, Lieutenant, fit le gouverneur, mais je pense n'avoir pas tout compris à votre histoire d'arbre magique. En revanche, je peux vous dire que la forêt de "Creux" que vous avez vu n'est pas la plus grande de cette planète. En fait, cet arbre est la cinquième essence la plus courante sur cette planète et on en trouve sur à peu près toute sa surface. En fait c'est ici, près de Bota qu'il y en a le moins...

 

Solia regarda le gouverneur. Son visage reflétait la stupeur.

 

— Tant que ça Monsieur le Gouverneur? Il y a autant de Malorns sur cette planète? Alors ne cherchez plus! Vous connaissez maintenant la raison qui pousse le Chaos à attaquer votre planète!

— Comment! Ils en veulent à ma planète à cause des Creux!

— Vous voulez dire, intervint le Colonel Moore, que  l'Ennemi attaque cette planète pour cet arbre?

— Oh, répondit Solia. J'en suis sûre! Entre leurs mains tous ces Malorns sont une formidable source de puissance! Leurs forces magiques seront décuplées!

 

Tous restèrent silencieux, entrevoyant ce qui pourrait arriver si cette planète tombait entre les mains du Chaos.

Suly prit enfin la parole.

— Solia, si tu as raison, et j'en suis persuadée, cette planète n'est pas un objectif mineur à leurs yeux... mais un objectif essentiel! Leurs forces vont sûrement être beaucoup plus importantes que celles que nous escomptions! Nous devons revoir d'urgence tous nos plans... J'ai bien peur que plus aucun d'entre eux ne soient d'actualité.

 

fin du chapitre 24.

A suivre...


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